Crise des éleveurs : le bras de fer continue en Bretagne

Les éleveurs maintiennent la pression. François Hollande est à Dijon, où il a redemandé à la grande distribution de faire "l'effort indispensable", et aux abatteurs et transformateurs de "rendre des comptes". Ce jeudi soir la circulation est rétablie partout, il n'y a plus de point de blocage.

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Dans le Finistère, les éleveurs ont quitté le grand pont de l'Iroise, à Brest, qu'ils occupaient depuis mardi, mais celui-ci reste fermé, le temps de le remettre en état. En revanche, d'autres barrages perdurent notamment à Quimper et Morlaix. Cette nuit, les agriculteurs ont allumé des feux le long des axes routiers et aux abords de grandes surfaces, les pompiers sont également intervenus à plusieurs reprises. A Landerneau, le siège de l'échangeur a été levé ce matin, mais la RN12 restera impraticable une bonne partie de la journée. Les dégâts sont très importants. 


En Ille-et-Vilaine, la situation est revenue à la normale. Hier soir, les éleveurs ont quitté St Malo après un baroud d'honneur sur la plage du Sillon.

Dans les Côtes d'Armor, un barrage filtrant a été mis en place mercredi soir sur la RN164, à Trémorel.
Un nouveau blocage est en cours au Mont Saint-Michel depuis le milieu de la matinée. Des éleveurs ont entrepris de bloquer à nouveau jeudi matin les accès au Mont Saint-Michel, qu'ils avaient dégagés la veille au soir après l'annonce d'une aide d'urgence du gouvernement, a annoncé la préfecture de la Manche. Des deux routes qui donnent accès à ce site touristique, l'un des plus visités de France, la RD976 est entièrement bloquée par une dizaine de tracteurs, tandis que la RD275 "est en cours de blocage", selon la préfecture.

La grande distribution doit produire l'effort indispensable


François Hollande s'est déplacé à Dijon ce jeudi. Il a redemandé à la grande distribution de faire un effort sur les prix et aux abatteurs et aux transformateurs de "rendre des comptes" pour aboutir à une hausse des prix de la viande et du lait. "Nous devons agir sur ce qu'est le sujet, c'est-à-dire les prix, aussi bien du lait que de la viande, et je pense à toutes les productions, porcine, bovine, et d'autres encore", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un déplacement à Dijon.


D'autres actions à prévoir dans les jours qui viennent

Le président de la FNSEA Xavier Beulin a annoncé que les éleveurs préparaient de "nouveaux mouvements dans les deux ou trois jours qui viennent" pour protester contre les prix insuffisants de leurs productions. "J'appelle à la pondération sur le terrain comme nous l'avons fait hier, mais cette colère doit pouvoir s'exprimer".

Hier, la FRSEA de Bretagne appelait à cesser les barrages. Manuel Valls juge "essentiel que les prix augmentent dans la filière du boeuf", lançant un appel à la "responsabilité", notamment "aux abatteurs et aux industriels", au lendemain de la présentation du plan gouvernemental d'urgence pour l'élevage. Le Premier ministre a aussi encouragé les éleveurs à lever les barrages pour ne pas "pénaliser ceux qui partent en vacances".


Stéphane Le Foll défend son plan
A propos des critiques sur l'absence de mesures structurelles proposées par le gouvernement pour cette filière, M. Le Foll assure dans un entretien à Libération qu'"il y a longtemps qu'on a posé les bases pour des réformes en profondeur". "Il y a deux stratégies parallèles: gérer le court terme et penser le moyen et le long termes", assure-t-il. Concernant la lutte contre la volatilité des cours, "la France a été le premier pays à limiter, dans le cadre de la loi bancaire, les positions sur les produits agricoles et agroalimentaires", souligne M. Le Foll. "Je suis d'accord avec ceux qui disent qu'il ne suffit pas de mettre de l'argent dans la filière, il faut une stratégie structurante", affirme-t-il ensuite. Interrogé sur son refus de désigner les responsables de la stagnation des prix, il explique: "Mon objectif, c'est de faire remonter les prix. Taper sur l'un ou sur l'autre réduirait ma capacité de mobiliser tout le monde vers notre objectif commun."  
Il assure qu'il est possible de changer de modèle d'élevage. "D'ailleurs, cela commence à bouger. Des responsables du secteur porcin reconnaissent qu'il faut faire évoluer le modèle tel qu'on le connaît en Bretagne", note-t-il.
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