Crise sanitaire : les finances de l'Eglise fragilisées

2020 qui s'achève a été difficile pour beaucoup, notamment pour l'Eglise catholique de France qui enregistre un déficit financier de 90 millions d'euros cette année, la faute notamment aux confinements ou aux règles sanitaires appliquées empêchant les cérémonies dans leur format habituel.

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La crise sanitaire touche tout le monde et toutes les institutions. A l'occasion des deux confinements, les églises ont dû fermer. Les messes quand elles se sont tenues ont été moins nombreuses et moins peuplées empêchant les quêtes. Le casuel, offrandes réalisées lors des mariages, des baptêmes et des enterrements, a aussi connu une baisse significative.

"Globalement, à fin septembre, nous étions sur une baisse de ressource de 1 300 00 euros, ce sont en gros 12 % de nos dépenses courantes qui ne rentrent pas cette année", explique Matthieu Le Truedic, économe du diocèse de Quimper et Léon. Cet argent assure normalement les charges courantes du diocèse : chauffage, entretien des bâtiments, salaires des prêtres et des laïcs qui travaillent pour l'Eglise. Pour faire face à cette baisse des ressources l'économe a pris plusieurs décisions, "En novembre dernier a été décidé un moratoire sur les projets de travaux dans les paroisses et au niveau diocésain. On fait les travaux qui ont été validés et commencés. Mais c'est vrai que pour les chantiers qui étaient en réfléxion il y un moratoire en place", précise-t-il. 

Le diocèse de Quimper et Léon envisage également de céder certains de ses biens. Le presbytère de Plogonnec a été vendu cette année par exemple.

Il faut qu'on soit vigilants, on passera 2020 difficilement mais sans grand danger. Il ne faudrait quand même pas que ça continue

Loïc Blin, économe du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier

Dans les Côtes d'Armor, c'est Loïc Blin qui a le nez dans les cahiers de comptes du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Lui aussi évoque une année complexe. "Pendant le premier confinement, mars et avril, c'était le trou noir", dit-il. 

Son diocèse table normalement sur 6 millions d'euros, fruits des différentes collectes (denier, casuel, quêtes...). Il estime à 500 000 les pertes pour 2020. D'autres sources de revenus ont subi les affres de l'épidémie. Les pélerinages qui rapportent habituellement 900 000 euros ont diminué. Pour 2020, ce sera 100 000 euros. Les legs voient aussi une baisse. Loïc Blin souligne que le diocèse a du conjuguer avec de nouvelles dépenses comme l'achat de masques et de gel, pour la somme de 56 000 euros. 

A noter aussi la spéficité du diocèse où le denier est partagé, entre les paroisses qui s'en servent pour payer leur salariés et les prêtres, et l'association diocésaine qui a les mêmes charges. 

Comme son collègue du Finistère, il rappelle justement que l'argent recueilli sert à faire fonctionner l'Eglise, qui est "comme une PME", avec des salariés. "Nous avons dû mettre 70% des salariés du diocèse en chômage partiel. Les laïcs n'avaient plus de missions puisque le catéchisme ou les aumôneries n'ont pas eu lieu. Idem pour les secrétaires de paroisse qui ont vu leur activité réduite." 

Ici pas question de licencier. Loïc Blin cherche des solutions. Lui aussi a amendé le programme immobilier du diocèse, pour l'étaler dans le temps. "On va repousser des chantiers de 2 ou 3 ans, comme le presbytère à Paimpol." Ces travaux représentent 2 millions d'euros par an. 

L'économe estime que le diocèse est "costaud". "On a de la chance d'être dans une région très catholique, où l'on a beaucoup de donateurs, certes pas très riches mais qui donnent quand même (170 euros en moyenne par an). On voit que ce soutien continue, un don fait avec conviction." 

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