Décryptage. Les Bretons sont-ils vraiment les champions de l'alcoolisme ?

L'image colle à la peau de la Bretagne. Celle de l'alcool facile et d'une population qui lève le coude un peu trop souvent. Dureté de la vie d'autrefois, conséquence de la première Guerre Mondiale ou d'une société matriarcale ? Les scientifiques sont divisés quant à l'explication. Mais les Bretons sont-ils vraiment les plus gros consommateurs d'alcool ? Eléments de réponse.

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Quelques glaçons, une dose d'une célèbre marque d'apéritif italien version zéro alcool, trois mesures de jus de fruit et un peu d'eau gazeuse. C'est la recette d'un mocktail, autrement dit un cocktail sans alcool, qui ressemble, comme deux gouttes d'eau, à une boisson très prisée sur les terrasses.

Une initiative qui vise les jeunes et qui a été lancée par La Ligue contre le cancer d'Ille-et-Vilaine, à l'occasion du "dry january", le défi d'un mois de janvier littéralement "sec", c’est-à-dire sans alcool.

A LIRE: Le Dry January vu de Bretagne : "Le problème ce n’est pas l’alcool, c’est les potes"

"Il faut aller là où ils sont, analyse Patrick Bourget. Les bars sont des lieux de rencontre, donc si on peut, au travers de leur consommation dans les bars, modifier leurs habitudes de consommation, on aura probablement avancé dans la résolution du problème" explique le président de la Ligue contre le cancer 35.

Comme une dizaine de bars et restaurants rennais, le Café des jacobins a décidé de se s'associer à la démarche, même si pour l'instant les résultats sont modestes. "Depuis le début du mois on a vendu une vingtaine de cocktails sans alcool, commente Sébastien Blot. L'objectif n’est pas de vendre des produits sans alcool, l’objectif, c’est de passer un message, de permettre une prise de conscience pour sa santé" précise le directeur de l'établissement.

La Bretagne représente 5% de la population française mais compte 7 % des cancers mortels liés à l'alcool

Car selon les derniers chiffres connus, en Bretagne, l’excès de consommation d’alcool favorise, plus qu’ailleurs, le déclenchement de cancers. L’alcool serait responsable de 2 000 décès sur les 28 000 cancers mortels liés à l’alcool en France chaque année, soit 7,14% des cancers, alors que les Bretons ne représentent que 4,96% de la population française.

Le professeur Romain Moirand est chef de l'unité fonctionnelle d’addictologie au CHU de Rennes. "On a des chiffres très précis qui montrent un excès de mortalité par cancers liés à l’alcool en Bretagne, indique le médecin qui ajoute, il y a aussi les maladies du foie, les cirrhoses, les problèmes cardiovasculaires qui sont aussi causés par la consommation d’alcool et enfin les suicides."

La Bretagne, première sur le "binge drinking"

"Moi j’aime bien le blanc, explique un jeune homme de 18 ans, croisé un jeudi soir sur une terrasse rennaise. "On commence par une bouteille, puis une deuxième éventuellement, histoire de bien tenir la soirée"

Quant à Lola, c'est "Vodka-Jet, car c'est plutôt rentable. Ça coûte moins cher et on a un bon rapport qualité-cuite" dit en riant la jeune femme de 20 ans.

La Bretagne se distingue par un type d’excès bien particulier. La région est première en France sur les alcoolisations Importantes. Le phénomène est appelé le "binge drinking" et correspond à la consommation de plus de six doses d’alcool fort en moins de deux heures.

Les hommes sont particulièrement concernés.

Esther le constate, "on a tous régulièrement une consommation excessive". Mais selon la jeune femme,"tant que ça reste ponctuel je pense que ce n’est pas dérangeant".

La Bretagne reste dans la moyenne française pour la consommation régulière d'alcool

Contrairement aux idées reçues, la Bretagne reste dans la moyenne française en ce qui concerne l’usage régulier d’alcool. Dans ce classement, elle arrive derrière l'Occitanie, ou la Nouvelle Aquitaine.

En revanche, dans notre région, les hommes sont 5 fois plus concernés que les femmes.

Et si l'alcool est symbole de convivialité, il peut aussi se transformer en véritable cauchemar.

On ne peut plus contrôler cet appel, et surtout, on continue malgré les conséquences négatives que ça peut avoir sur notre vie et sur notre entourage" 

Valérie Ruellan, Co-présidente "Les amis de la santé 35"

Valérie, Aline, Patrick et Loïc sont tous des alcooliques abstinents. Membres de l’association "Les Amis de la santé ". Ils savent, mieux que quiconque, ce que représente cette maladie qui détruit tout sur son passage.

"C’est compulsif, témoigne Valérie Ruellan, coprésidente des Amis de la santé. On ne peut plus contrôler cet appel, et surtout, on continue malgré les conséquences négatives que ça peut avoir sur notre vie et sur notre entourage". 

Les bénévoles de l'association sont déterminés à aider d’autres malades à se reconstruire et s’offrir une nouvelle vie.

"Quand on sort de l’alcool, on devient quelqu’un d’autre, on récupère ce qu’on était avant avec des choses en plus " estime Aline Turbé. Pour cette bénévole, l'arrêt de l'alcool a été un nouveau départ.

Un message d’espoir pour faire voler en éclat les tabous liés de l’alcool.

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