L'insuffisance du protocole sanitaire dans les lycées, dénoncée par les enseignants et les lycéens, oblige le ministre de l'Education à rectifier le tir. Les classes seront dédoublées. Les chefs d'établissements planchent sur un réaménagement des emplois du temps. Exemples à Brest et Redon.
Du sur-mesure, "de la dentelle". Voilà comment Gilles Cornillet, proviseur du lycée Jules Lesven à Brest, envisage le réaménagement des emplois du temps dans son établissement. Après le feu vert donné par le ministre de l'Education au dédoublement des classes, ce proviseur va devoir plancher, avec ses équipes, sur une réorganisation des cours qui alterneront présentiel et à distance. Il s'agit de limiter le flux des élèves, en particulier à la cantine et dans les couloirs du lycée, deux points stratégiques où le brassage des élèves est important.
Tout chambouler
Le lycée Jules Lesven est l'un des trois établissements qui composent la cité scolaire de Kérichen, avec le lycée La Pérouse-Kérichen et le lycée Vauban. Ici, un seul réfectoire de 1.200 places assises pour 2.500 élèves demi-pensionnaires. "Dès le mercredi avant la rentrée des vacances de la Toussaint, on avait pris la décision de revoir les emplois du temps pour éviter l'engorgement au self, explique Gilles Cornillet. A Lesven, on a donc supprimé 80 % des cours de 11 h à 12 h pour que les élèves puissent aller manger dès 11 h 15". Une première étape qui ne résoud toutefois pas le problème des classes surchargées et la circulation des élèves dans les couloirs.
Avec, désormais, la possibilité de cours à distance, dans la limite d'un ou deux jours par semaine, il faut une fois encore tout chambouler. "On va refaire les emplois du temps pour les deux prochaines semaines" indique le proviseur du lycée Jules Lesven.
On a les outils, on a la technicité, on a juste besoin de temps. On ne manipule pas 2 000 heures de cours par semaine comme ça
S'il sait que "tout ne sera pas parfait" dès lundi prochain, qu'il devra "affiner", il affirme que "deux-tiers des 1.500 élèves seront présents dans l'établissement". Le proviseur a opté pour une répartition simple : les classes où le nombre de lycéens est trop élevé seront coupées en deux. Les autres seront installées dans des salles plus grandes. "J'ai des secondes à 22-24 élèves, dit Gilles Cornillet, à quoi bon les diviser ? Autant les mettre dans un espace où la distanciation physique sera possible. Les classes à 30-35 élèves, en revanche, n'auront pas le choix, elles devront travailler en présentiel par demi-groupes". Et renouer le reste du temps avec les cours à la maison. "Ce qui est important, c'est d'assurer la sécurité sanitaire des élèves et des personnels tout en préservant la continuité pédagogique".
"Un tel stress dans les établissements depuis lundi"
Pascale Le Flem sait où elle va passer le week-end : dans son bureau, à la cité scolaire Beaumont, à Redon en Ille-et-Vilaine. Elle est à la tête de deux lycées (général et professionnel) et d'un collège où "tout le monde fonctionne sur les mêmes espaces".
Si l'allègement des cours au lycée lui apporte du "soulagement", il n'en reste pas moins un casse-tête. "On aurait pu gagner une semaine, remarque-t-elle. Vu les chiffres de l'épidémie, ce dispositif aurait dû etre mis en place dès le retour des vacances. Là, on prépare une fois encore dans l'urgence. Avec en plus l'inquiétude des profs, des parents d'élèves à gérer. Je comprends leur anxiété. Il y a un tel stress dans les établissements depuis lundi".
C'est essentiellement le lycée d'enseignement général qui sera touché par ces emplois du temps remaniés. Les classes de première et terminale affichent jusqu'à 35 élèves. Pour l'heure, l'organisation finale n'est pas tranchée. Pascale Le Flem doit réunir les enseignants ce vendredi soir.
On a le recul, on a appris du dernier confinement. Même si cela va poser des questions pratiques, on a plus d'expérience. On a demandé cet allègement, on a été entendu, on assume
La proviseure, qui est aussi principale, espérait cependant des mesures pour les collèges. "En cité scolaire, cela pose un vrai problème, souligne-t-elle. J'aimerais pouvoir adapter pour mon collège, dédoubler les cours, mais sans l'aval du ministère de l'Education, je ne peux rien faire". Et d'ajouter : "la question sanitaire est pourtant la même au collège qu'au lycée".