Le Parti Breton est le deuxième mouvement régionaliste à se lancer dans la bataille des Régionales. Avec sa liste « Bretagne responsable », il souhaite que la région devienne réellement maîtresse de son destin sur le plan institutionnel, économique ou culturel.
Joannic Martin, actuel porte parole du Parti Breton, a été désigné chef de file pour les prochaines élections régionales. Âgé de 28 ans, ce jeune directeur de centre de loisirs s’était déjà présenté aux législatives de 2017. Aux dernières municipales à Saint-Brieuc, il était présent sur la liste centriste conduite par Corentin Poilbout. Il a pour objectif d’ancrer sur le plan électoral un mouvement crée il y a 20 ans et qui compte à ce jour 250 adhérents.
ENTRETIEN.
L’Union Démocratique Bretonne alliée à Europe Écologie Les Verts et Daniel Cueff occupe déjà le créneau « régionaliste » pour les prochaines Régionales. Qu’est ce qui vous différencie finalement ?
Le parti breton fait de la Bretagne sa priorité. L’Union Démocratique Bretonne défend un projet prioritairement de gauche et écologique en Bretagne. En fait, nous serons la seule liste à porter une candidature qui ne dépendra pas d’un état major parisien. Et puis, nous faisons le pari de rassembler des démocrates d’horizons divers. Nous souhaitons notamment accueillir des chefs d’entreprises, des artistes, des sportifs qui ont en fait une seule priorité : la Bretagne.
Il faudra rassembler 5 % des suffrages exprimés pour avoir le droit de fusionner ; 10 % pour avoir le droit d’être présent au second tour. Partir seul, c’est risqué non ?
Nous sommes un parti jeune et nous avons conscience que nous aurons besoin de grandir après plusieurs rendez-vous électoraux. Mais nous avons un projet ambitieux. Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir le défendre réellement en ne récupérant que quelques places sur une autre liste. Pas question non plus d’être prisonnier de la prochaine élection présidentielle. On a vu ces dernières semaines venir dans la région Yannick Jadot pour les Verts, Alexis Corbière pour la France Insoumise. Thierry Burlot, quant à lui, a été reçu par Emmanuel Macron. Dans un an, beaucoup d’élus bretons seront pieds et mains liés avec des enjeux nationaux. Ce n’est pas comme cela que l’on peut établir un rapport de force avec Paris.
Quels sont les axes forts de votre programme ?
Nous avons quatre objectifs. Obtenir un vrai statut pour la Bretagne en impulsant une collectivité unique, une Assemblée de Bretagne ; ne pas opposer économie et environnement ; veiller à l’équilibre des territoires et anticiper d’avantage nos besoins économiques. Sur la production des masques par exemple, nous avons été finalement trop attentistes. Il faut attirer de nouveaux investisseurs à condition qu’ils soient respecteux de l’environnement et de l’identité bretonne.
Êtes-vous pour l’indépendance de la Bretagne ?
Le peuple breton existe. Et comme tout peuple, il a le droit et le devoir de prendre ses décisions. On ne veut pas sortir de la France, ce serait illusoire, mais plutôt « décharger » le gouvernement qui est obligé de prendre toutes les décisions. On dit juste : « Nous en Bretagne, on est capable d’en prendre aussi. » Il faut négocier et dialoguer avec l’État.
On ne parle plus aujourd’hui de confinement national, mais de confinements locaux. La différenciation marque des points avec cette crise sanitaire ?
Il faut reconnaître que le gouvernement a fait ce qu’il a pu avec les armes qu’il avait. Mais cette crise a été un excellent révélateur. On voit bien que le virus circule différemment, que l’on soit à Dunkerque, à Nice ou à Paris ou même en Bretagne. On voit aussi que pour chaque territoire, il y a des solutions plus adaptés, plus efficaces, à prendre à l’instant T.
Aujourd’hui, les défenseurs de l’enseignement du breton s’inquiètent. Le Président de la Région, Loïg Chesnais Girard, a confirmé que la future convention Etat-Région pour les langues de Bretagne était pour l’instant bloquée par Paris. Le contrat de confiance, est-il rompu ?
Aujourd’hui, on cherche à mettre le breton et le gallo sous cloche. On les met dans un musée et on saupoudre les moyens juste pour ne pas qu’ils disparaissent. Je suis sorti il y a 10 ans du cursus scolaire et je constate que l’Éducation nationale a failli sur les langues régionales. On m’a appris l’anglais, l’espagnol, l’allemand, le latin, mais je ne suis pas capable de parler breton avec mon entourage. Aujourd’hui, soit il faut l’apprendre dès la maternelle, soit il faut attendre d’être jeune adulte pour s’inscrire dans les cours du soir.
Sur la réunification de la Bretagne, vous êtes à contre-courant. Vous ne souhaitez pas un référendum. Pourquoi ?
Entre 2014 et 2018, il y avait une formidable fenêtre de tir avec le droit d’option. Personne n’a saisi cette occasion. Souhaiter le référendum, c’est accepter de faire un long parcours du combattant dont on ne connaîtra pas l’issue. Il faut tout miser sur la prochaine loi 4D (décentralisation, différenciation, déconcentration et décomplexification) et réclamer un redécoupage des régions. La réunification aura lieu par le vote d’une loi. Quand la Basse et la Haute-Normandie ont fusionné, cela ne s’est pas fait via un référendum !