Les agriculteurs attendent avec impatience le rapport du médiateur des prix agricoles, qui va déterminer, qui, de la grande distribution ou des industriels, applique (ou non) les accords du 17 juin. Ces derniers prévoyaient une hausse du prix payé aux éleveurs de 20 centimes.
Les accords de la table ronde du 17 juin prévoyaient une hausse du prix payé aux éleveurs de 20 centimes par kilo/carcasse, à raison de 5 centimes par semaine. Mais un mois plus tard, les éleveurs n’ont rien vu venir, ou presque : un gain de 7 centimes seulement.
A qui la faute ?
C’est pour cette raison que le ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll, a nommé un médiateur des prix agricoles. Et lui a demandé de remettre son rapport, prévu pour jeudi, dès ce mardi soir. Pour le président de la Fédération nationale bovine, Jean-Pierre Fleury, le rapport du médiateur sera l'occasion de "découvrir le pot aux roses"."Le rôle du médiateur c'est de faire en sorte que ce qui a été décidé en table-ronde soit appliqué. Il a eu le temps de voir qui ne jouait pas le jeu, et ce sera l'objet de nos prochaines actions syndicales", assure pour sa part le secrétaire général de la FNSEA (premier syndicat agricole), Dominique Barrau.
Distributeurs et industriels se rejettent la responsabilité
Les responsables de la grande distribution assurent jouer le jeu après cette table ronde du 17 juin. Et même avant.
"On a tenu nos engagements : on a acheté plus cher", mais "ce n'est pas le cas du côté des abattoirs", a déclaré sur BFM Business Jacques Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, (FCD, qui regroupe les principales enseignes sauf Leclerc et Intermarché).
Un constat que partage la FDSEA, qui ont vu des factures présentées par les distributeurs. « Cela veut dire que les transformateurs leur ont vendu plus cher, mais qu'ils n'ont pas répercuté cette hausse sur les éleveurs", puisque le prix payé aux producteurs n'a que faiblement augmenté, analyse Jean-Yves Heurtin, de la FDSEA du Calvados.
Coté industriels, on répugne à s'exprimer ouvertement, bien conscient de l'extrême tension qui règne. Mais une source haut placée remarque que l'accord du 17 juin manquait pour le moins de précision et que la grande distribution s'abstient de préciser sur quels morceaux elle applique des hausses de prix.
Un œil sur l’observatoire du prix et des marges sur deux produits, la côte de porc et le jambon cuit, nous indiquait que les marges étaient en hausse sur la côte de porc entre 2013 et 2014, mais en baisse sur le jambon cuite (entre 2012 et 2013).
Un mouvement confirmé par ce même observatoire en 2014, qui a constaté une faible augmentation de la marge brute des industriels, et la grande distribution avait conservé 28 des 33 centimes de marge obtenus par les éleveurs.