Le ministre Richard Ferrand a évoqué mercredi "un cadeau de bienvenue" sous forme de "dénonciations calomnieuses" après la révélation dans Le Canard Enchaîné de la location de locaux appartenant à sa compagne par les Mutuelles de Bretagne à l'époque où il en était le directeur.
"C'est une sorte de cadeau de bienvenue pour ma nomination au gouvernement, où on essaie de faire d'un acte de gestion banal une pseudo-affaire", a déclaré Richard Ferrand interrogé par BFMTV.
Un peu plus tôt dans un communiqué, le ministère de la Cohésion des Territoires avait dénoncé "des dénonciations calomnieuses qui poursuivent Monsieur Ferrand depuis de longues années, sans qu'il n'ait rien à se reprocher: il est au contraire unanimement reconnu qu'il a su redresser les Mutuelles de Bretagne, sauver 120 emplois et en créer plus de 200".
"Cette affaire en question est extrêmement simple. Les Mutuelles de Bretagne cherchaient un local adapté à leurs besoins au meilleur prix", a expliqué Richard Ferrand. "Parmi trois propositions qui leur avaient été faites, les administratrices et les administrateurs du Conseil d'administration, dont je ne suis pas, ont retenu la meilleure offre, pour les conditions de travail des salariés, pour la proximité avec les transports, qui était celle d'un local détenu par ma compagne", a-t-il détaillé, concluant: "Ceci était connu de tous et par conséquent c'est parce que c'était le mieux placé et le moins cher que cela été choisi".
Il a rappelé que le local avait fait l'objet depuis d'un "renouvellement de bail, donc ça veut dire que les gens se satisfont de l'endroit où est situé ce local".
C'était de l'argent privé, dans le cadre de fonctions privées"
Selon Le Canard Enchaîné, les faits remontent à 2011: à Brest, les Mutuelles de Bretagne souhaitent louer des locaux commerciaux pour ouvrir un centre de soins, et choisissent entre trois propositions celle d'une société immobilière appartenant à la compagne de Richard Ferrand.
L'hebdomadaire ajoute que cette dernière a alors monté très rapidement une SCI et que la promesse de location lui a permis d'obtenir un prêt bancaire équivalent à la totalité du prix des locaux, par ailleurs "en mauvais état". Outre une rénovation complète des locaux par la mutuelle pour 184.000 euros, toujours selon le Canard Enchaîné, la valeur des parts de la SCI "a été multipliée par 3 000" six ans plus tard.Benjamin Griveaux, porte-parole de la République en marche (REM), a jugé mercredi que les révélations du Canard enchaîné sur Richard Ferrand n'avaient "rien à voir" avec la moralisation de la vie publique, thème d'une des premières lois du quinquennat, puisqu'il s'agit "d'argent privé".
"La moralisation de la vie publique concerne l'argent public. Là, c'était de l'argent privé, dans le cadre de fonctions privées. Ça n'a rien à voir", a plaidé Benjamin Griveaux sur franceinfo.
"Ça crée de la suspicion dans un contexte de suspicion"
"Ça tombe mal parce que ça crée la suspicion dans un contexte de suspicion, je ne veux pas être langue de bois sur le sujet", a déclaré de son côté Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement sur Europe 1. "Ça meurtrit évidemment Richard qui est un homme d'une probité exceptionnelle (...), mais une chose est sûre, il n'y a rien d'illégal, il n'y a rien qui ne serait pas moral", a-t-il certifié.Révélations sur Ferrand : "Ça tombe mal, ça... par Europe1fr
"On est sur quelque chose qui est parfaitement légal, qui est connu, qui est transparent et d'ailleurs le président de la mutuelle a fait un courrier récent pour confirmer à la fois que c'était l'offre la plus intéressante et que Richard Ferrand avait contribué à redresser spectaculairement et à préserver l'emploi dans cette mutuelle", a-t-il poursuivi.
Il a assuré ne "pas douter" que Richard Ferrand conservait la confiance du président Emmanuel Macron et du Premier ministre Edouard Philippe.