Fidèle à sa réputation et malgré les incertitudes sur l'avenir, la 27è édition du festival des Vieilles Charrues a enflammé une nouvelle fois Carhaix, faisant le plein comme l'an dernier avec plus de 280.000 spectateurs, ont annoncé dimanche les organisateurs.
Sur quatre jours, une édition "colossale", non seulement par la qualité des artistes mais aussi par l'agrandissement et l'amélioration du site, avec "50% de terrain de jeu supplémentaire pour les festivaliers", a expliqué à l'AFP Jérôme Tréhorel, directeur de la manifestation.
Au nombre des grandes réussites, les "pointures" Depeche Mode ou Gorillaz. Depeche Mode, "c'était un moment historique pour le festival d'avoir ce groupe mythique et planétaire" et ça a donné lieu à "une communion géniale avec le public", a estimé M. Tréhorel. Un peu la même chose samedi soir avec le groupe britannique Gorillaz, emporté par "le tsunami Vieilles Charrues". "Ils nous ont dit que c'était un des plus grands concerts de leur vie", s'est-il réjoui.
Parmi les artistes en devenir ou les jeunes pousses, Jérôme Tréhoral cite d'abord les deux vainqueurs du "Label Charrues", sélectionnés au cours de l'année parmi un ensemble de jeunes formations : Leska (électro) et Saro (Beatbox Loopstation) "ont donné des concerts magnifiques devant un large public", assure-t-il.
Environ la moitié des artistes programmés aux Vieilles Charrues sont encore "en développement", se plaît à rappeller Jean-Jacques Toux, programmateur. Parmi ceux-ci, la chanteuse belge Angèle, le groupe français Therapie Taxi, oscillant entre rock et electro, ou le rappeur parisien Lomepal.
Pas toujours évident, quand la programmation se fait dès l'automne, de parier sur un jeune groupe ou musicien pour l'été suivant : "Quelqu'un comme Eddy de Pretto, par exemple, en septembre dernier, on n'en parlait pas beaucoup", relève Jérôme Tréhorel à propos de ce jeune artiste aux textes souvent âpres, programmé dimanche soir.
Un stade de France à Carhaix
Mais la joie d'une édition réussie n'empêche pas la vigilance pour l'avenir. "Il faut que notre festival trouve une solution pour diminuer le risque financier", a souligné lors d'une conférence de presse Jean-Luc Martin, président du festival. "Il existe (l'équivalent d')un stade de France à Carhaix. On peut accueillir des évènements en dehors de juillet", a-t-il souligné, rappelant que chaque soirée, la plaine de Kerampuilh accueillait autour de 70 000 personnes.
Géré par une association à but non lucratif et s'appuyant sur un réseau de 7 000 bénévoles, le festival doit vendre 205 000 billets pour atteindre l'équilibre. La vente assure 80% de son budget, les 20% restants provenant de partenaires ou de mécènes. "Le modèle économique des Charrues devient une exception dans un secteur en pleine mutation entre la concentration du milieu et une concurrence grandissante", constate Jérôme Tréhorel. Mais, affirme-t-il, "cette diminution du risque ne se fera pas au détriment du budget artistique. Il s'agira plutôt de baisser le coût de production en pérennisant certaines installations (clôture, entrées, réseaux divers, etc)", le tout "en préservant notre spécificité et notre indépendance".
Cette réduction des coûts pourrait passer notamment par une maîtrise du foncier, actuellement loué, "soit en rachetant des terrains, soit en ayant des baux emphytéotiques", a estimé Jean-Luc Martin. Autre piste à explorer: un éventuel mariage avec "de grosses boîtes de production" pour "faire de la coproduction et baisser les coûts de revient".
La visite de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, qui les a assurés de son soutien et a qualifié les Vieilles Charrues '"exemplaires", a cependant mis du baume au coeur des organisateurs. Dans l'immédiat, place à la fête pour la dernière soirée qui devait voir se succéder dimanche sur la grande scène Véronique Sanson, Robert Plant, chanteur mythique de Led Zeppelin, Orelsan et le Britannique Fatboy Slim pour son unique concert en France.
L'édition 2019 du festival se déroulera du 18 au 21 juillet.