Deux noyades dans une zone où la baignade est interdite. Une troisième au large d'une plage familiale où se baigner est autorisé. Le bilan de ce deuxième week-end de juillet est déjà lourd sur la presqu'île de Crozon, dans le Finistère. Avec ses 60 km de littoral et des secteurs où les baïnes sont présentes, la prévention est plus que jamais la règle.
Trois noyades en trois jours sur la presqu'île de Crozon dont la dernière ce dimanche 9 juillet 2023, à la Palue. La saison estivale a à peine commencé que déjà le bilan est lourd dans cette région du Finistère où la baignade est interdite entre la pointe de Dinan et le Cap de la chèvre depuis 1975, incluant les plages de Lorstmarc'h, la Palue, Kerdreux ou encore les grèves de Pors Créguen. En cause : la présence de baïnes.
Pourtant, ce dimanche, un homme de 72 ans est parti nager en direction de la pointe de Lorstmarc'h. C'est son gendre qui a alerté les sapeurs-pompiers vers 17h après avoir perdu le visuel du septuagénaire. Une opération de secours, impliquant un hélicoptère de la base aéro-navale de Lanvéoc ainsi que la SNSM de Camaret, est immédiatement lancée. La victime est localisée puis récupérée par le bateau de la SNSM. Malgré un massage cardiaque, le nageur est décédé.
"Sillons très longs et dangereux"
Que s'est-il passé au large de la Palue ce 9 juillet ? Ainsi qu'à la Pointe de Dinan, le vendredi 7 juillet, là encore dans un secteur interdit à la baignade, et à Camaret le samedi 8 juillet sur cette plage familiale où se baigner est autorisé ?
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Dans un communiqué, la préfecture maritime rappelle les règles de base de sécurité en mer, notamment celle qui consiste à respecter les zones de baignade surveillées et sécurisées. Elle alerte aussi sur la présence de ces baïnes, sortes de petits trous d'eau entre les bancs de sable et véritables pièges pour les nageurs.
À première vue, les baïnes ressemblent à des piscines naturelles aux eaux calmes, situées sur le bas d'une plage. Sauf qu'à marée montante, la mer pénètre dans ces petites cavités où se crée un fort courant, entraînant les baigneurs vers le large. "Cette année, avec les conditions climatiques que l'on a eues, à savoir peu de vagues et un vent de nord-est, les plages ont beaucoup travaillé, constate David Noirrit, qui a fondé de la première école de surf à Crozon-Morgat en 1998. Le vent a creusé des sillons très longs qui sont dangereux. C'est le cas à la Palue et Lorstmarc'h en ce moment. Et dès que l'on observe des phénomènes de houle, comme ce fut le cas ce week-end, le danger est grand".
Signalétique
David Noirrit connaît le terrain comme sa poche. Lui, le fils du pionner du surf dans le Finistère, grimpé sur une planche à l'âge de 5 ans, en sait aussi tous les risques. Comme les autres surfeurs aguerris du coin qui déplorent toutefois que la signalétique sur la présence des baïnes soit si peu visible. "Il y a des panneaux, c'est sûr, mais ils mériteraient d'être de bonne taille" souligne David Noirrit. "Comme partout dans le sud-ouest et dans le reste du monde" renchérit le champion de windsurf Thierry Belbeoc'h.
Patrick Berthelot, le maire de Crozon, explique que d'autres panneaux "vont être rajoutés. Ceux qui sont déjà en place sont vérifiés régulièrement, dit-il. J'ai d'ailleurs demandé, ce matin, aux services techniques municipaux de faire de nouvelles vérifications". L'élu ajoute que "cette signalétique est parfaitement visible. Elle n'échappe à personne. Se baigner en zone interdite est un choix de chacun. Le faire, c'est évidemment prendre des risques. Trois noyades sur notre territoire en trois jours, c'est dramatique".
"Vigies"
Selon le maire, l'homme de 72 ans qui s'est noyé à la Palue avait l'habitude de nager dans ce secteur, "depuis des années. Ce n'est pas un touriste, mais quelqu'un qui réside ici régulièrement" précise Patrick Berthelot. Lequel ajoute que "les rappels à la prudence via les réseaux sociaux et les médias feront l'objet d'une campagne d'information dans les prochains jours".
Avec 60 kilomètres de littoral et des plages nombreuses, la presqu'île de Crozon n'est pas "un terrain de jeu anodin. C'est l'océan" prévient Baptiste, lui aussi surfeur. Les amoureux des sports de glisse restent, d'après lui, "des vigies. Nous faisons de la pédagogie à notre échelle, relate-t-il. Des nageurs en détresse, nous y sommes tous malheureusement confrontés un jour ou l'autre".
Face à une baïne, le premier réflexe est de vouloir nager à contre-courant, au risque de s'épuiser. Il est conseillé de se laisser porter, en gardant la tête hors de l'eau et tout en attirant l'attention des personnes sur la plage ou des surfeurs. Avant de se jeter à la mer, il est toujours préférable de se renseigner et de faire confiance aux gens du coin qui la connaissent bien.
