Après les incendies qui ont détruit 2.208 hectares dans les Monts-d'Arrée cet été, le Département et la préfecture du Finistère ont lancé, le 1er septembre, un comité de pilotage "pour reconstruire vite". Ce lundi 5 septembre, un plan d'actions a été présenté lors d'une conférence de presse à Quimper. Explications.
"Ce que nous ne voulons pas, c'est continuer à voir les stigmates des incendies". Lors d'une présentation à la presse, ce lundi 5 septembre, du plan d'actions pour les Monts-d'Arrée - où 2.208 hectares ont été détruits par des feux cet été -, Maël de Calan n'a pas caché sa volonté "d'aller vite". "Nous voulons que tout cela soit derrière nous d'ici un an, déclare-t-il. Tout ce qui relève de l'intervention humaine sera réparé rapidement : les chemins, les clôtures, la chapelle du Mont-Saint-Michel de Brasparts, etc. En revanche, pour ce qui relève de la nature, ni moi ni le préfet n'avons malheureusement la capacité à faire pleuvoir ou faire repousser la lande" ajoute le président du Département du Finistère.
Vers des moyens renforcés pour les pompiers
Le 1er septembre, le Département et la préfecture du Finistère ont mis sur les rails un comité de pilotage (COPIL) chargé de la reconstruction des Monts-d'Arrée. Il rassemble différents services de l’État, le Service départemental d'incendie et de secours (SDIS), les maires des communes concernées, des agriculteurs, des partenaires techniques et scientifiques, comme le Parc naturel régional d'Armorique et le Conservatoire botanique de Brest, ainsi que des membres du Collectif pour la préservation des Monts-d'Arrée.
Si la restauration constitue l'un des volets importants du plan d'actions du COPIL, la prévention des feux figure, elle aussi, dans les pistes de réflexion. "Notre objectif est d'avoir une guerre d'avance et pas une guerre de retard, note Maël de Calan. Le préfet, de son côté, annonce que, d'ici deux ans, "près de 90 % des sapeurs-pompiers finistériens seront formés à la lutte contre les feux de forêt, ils sont 44 % à l'être actuellement, précise Philippe Mahé.
Le renforcement des moyens matériels pour venir à bout des incendies est également à l'ordre du jour. "Nous effectuons en ce moment la révision du Schéma départemental d'analyse et de couverture des risques. Il sera présenté à la fin de cette année, indique le colonel Sylvain Montgénie, directeur du SDIS 29. Nous souhaitons augmenter notre parc de véhicules de lutte contre les feux de forêt".
Concernant les moyens aériens, le Finistère entend prendre sa part dans les discussions nationales sur ce dossier. "Nous allons y participer, explique le patron du SDIS. Nous amènerons notre évaluation : est-ce que ce sera un petit avion bombardier d'eau ? Un hélicoptère ? Nous remettrons notre analyse prochainement au préfet et au président du Conseil départemental". Ce dernier s'est d'ores et déjà engagé : "Le Département financera ces moyens aériens, s'ils sont jugés utiles, dit Maël de Calan. Nous proposerons de les mutualiser aux départements des Côtes-d'Armor et du Morbihan".
Vigies et plan communal de sauvegarde
Au chapitre de la prévention, le plan d'action mentionne la création d'un plan communal de sauvegarde. Le préfet du Finistère donne même une date butoir : "Au printemps 2023, il y aura un plan de sauvegarde dans toutes les communes des Monts-d'Arrée" annonce Philippe Mahé.
Savoir qui fait quoi en cas d'incendie, "pour bâtir une chaîne de secours", c'est l'objectif de ce plan de sauvegarde. "Par exemple, cela permet de déterminer qui et dans quelles conditions on doit évacuer, qui ordonne l'évacuation des habitants et leur retour chez eux, etc".
Une surveillance des Monts-d'Arrée sera mise en place, sous la houlette du Département. "Il y a aura des vigies systématiques sur les points hauts, de juin à septembre, qui seront aussi là pour faire de la sensibilisation sur les risques d'incendie auprès du public" relate Maël de Calan.
"La verdure est en train de revenir"
Les incendies de cet été ont fortement touché la faune et la flore des Monts-d'Arrée. Botanistes, ornithologues, spécialistes des landes et des tourbières se sont mobilisés dès le mois d'août pour mesurer l'ampleur des dégâts et dresser un premier diagnostic.
A la tête du parc naturel régional d'Armorique (PNRA) depuis 2021, Amélie Caro indique que "la lande va se régénérer d'elle-même. En revanche, l'intervention humaine sera nécessaire sur les 200 ha de forêt détruits par le feu".
Elle constate toutefois que "la verdure est en train de revenir" dans certains secteurs. "C'est encourageant, remarque-t-elle. Mais la bruyère, par exemple, va mettre entre 4 à 5 ans pour être à l'identique de ce qu'elle était avant". Pour d'autres végétaux, la main de l'Homme sera là encore nécessaire. "Nous allons travailler avec le Conservatoire botanique de Brest dans ce sens".
La présidente du PNRA se montre plus inquiète pour la microfaune, telle que "les amphibiens ou les lézards qui n'ont pas eu le temps de fuir. Pour l'instant, nous n'avons pas d'estimation chiffrée des incidences que les incendies ont pu avoir sur ces espèces".