Incendies dans les monts d'Arrée. Faut-il replanter la forêt ou laisser la lande regagner l'espace ? L'avis de deux travailleurs forestiers

Après les incendies qui ont dévasté presque 3 000 hectares dans les monts d'Arrée cet été, quid de l'avenir de cette terre ? Replanter des arbres ou la laisser en friche ? Quelles variétés d'arbres privilégier ? Les réponses divergent.

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La forêt, il la connaît et il l'aime. Franck Robert lui a consacré toute sa vie. Garde forestier lorsqu'il était en activité, il a acquis une parcelle de forêt à Logonna-Daoulas dans le Finistère il y a deux ans quand l'heure de la retraite a sonné.  

Les yeux rivés vers le ciel, il foule ses quatre hectares, à la recherche des stigmates de la sécheresse.

 D'un côté une futaie de feuillus, qui se porte bien. De l'autre des résineux, qui ont souffert des fortes températures. La résine sur leurs troncs constitue un signe qui ne trompe pas ce fin connaisseur du milieu forestier.

En faisant des mélanges, les essences se soutiennent les unes les autres. Il y a beaucoup plus de résistance, notamment contre les prédateurs.

Franck Robert

Propriétaire forestier

"Cet épicéa a eu un gros stress hydrique à cause du manque d'eau. Ça a attiré les coléoptères. L'arbre a sorti cette résine pour engluer les larves mais sortir cette résine l'épuise et il meurt en quelques semaines."

A la chaleur des étés s'ajoute la douceur des hivers. Faute de températures suffisamment basses en période hivernale, "les insectes ne sont pas tués par l'hiver", constate le propriétaire forestier. 

Sa solution pour une forêt capable d'affronter le réchauffement climatique : la futaie irrégulière. Un mélange d'arbres d'âges et de variétés divers. Des feuillus : charmes, hêtres, chênes, frênes, bouleaux mais aussi quelques résineux comme le thuya et le sapin. 

"En faisant ces mélanges, les essences se soutiennent les unes les autres. Il y a beaucoup plus de résistance, notamment contre les prédateurs, entre autres les coléoptères." A quelques mètres de sa parcelle de résineux, Franck a donc planté une futaie irrégulière.

Un sol stérile sous les résineux

"Ici, montre Franck d'un geste de la main, c'est plus lumineux sous les feuillus. On aperçoit la végétation qui revient au sol. C'est une biodiversité d'une grande richesse qui profite beaucoup aux animaux, alors que sous les épicéas de Sitka, le sol est stérilisé."

Stérilisé à cause de l'obscurité qui règne sous ces grands arbres, mais aussi parce que les aiguilles empêchent toute repousse.

Je serais partisan de laisser les monts d'Arrée en landes

Franck Robert

Propriétaire forestier

Alors faut-il reboiser les monts d'Arrée après les incendies qui ont brûlé 2 858 hectares de landes et de forêts cet été ? Pour Franck, propriétaire non exploitant, replanter de l'épicéa et du sapin de Douglas pose question. Il s'avoue "partisan de laisser les monts d'Arrée en landes."

90% des arbres travaillés dans les scieries bretonnes sont des résineux

Mais cette vision est loin d'être partagée par les forestiers exploitants. La forêt, c'est leur gagne-pain et dans les scieries bretonnes, "90% des arbres sont des résineux", concède Yves-Marie Quéau, référent terrain du syndicat des forestiers du Finistère. 

"Il ne faut pas bannir le résineux puisque c'est lui qui maintient l'activité économique de nos scieries et qui permet de capter le carbone, donc de remplir son rôle environnemental, poursuit Yves-Marie Quéau. Le feuillu a son intérêt sociétal pour la beauté du paysage. Les parcelles sont entourées de feuillus avec du résineux exploitable au centre. Il faut maintenir ce genre de gestion."

Le professionnel pointe du doigt le rôle des parcelles non exploitées dans la propagation des incendies à cause du tapis végétal qui couvrait le sol.

Il faut maintenir l'équilibre actuel : 75% de feuillus et 25% de résineux

Yves-Marie Quéau

Référent terrain du syndicat des forestiers du Finistère

"On s'est rendu compte que c'était vraiment les zones réensauvagées non exploitées qui ont brûlé. Ça a diffusé. Quand le feu est passé dans les parcelles résineuses, c'est passé très vite et les arbres n'ont été qu'un carburant", soutient le représentant du syndicat des forestiers du Finistère. 

Pour lui, "il faut maintenir l'équilibre actuel : 75% de feuillus et 25% de résineux." Même s'il émet un doute sur la pertinence de certaines essences : "il faudra se poser la question sur les épicéas de Sitka dans l'extrême Est de la Bretagne, on n'en verra peut-être plus. Quand on plante, c'est pour les récolter dans 40-50 ans donc quid de la température à cette époque-là ? Est-ce que les arbres auront traversé cette période ? Ça sera à voir."

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