Les quelques gouttes de pluie tombées ces dernières heures ont fait beaucoup de bien, au moral des humains, mais qu'en est-il de la nature qui nous entoure? Ici et là, les arbres montrent des signes inquiétants : jaunissement, chute de feuilles, le mal est profond. Rencontre avec un technicien de la forêt de Villecartier, dans le Nord-Est de l’Ille-et-Vilaine.
En marchant dans la forêt de Villecartier, près de Bazouges-la-Pérouse dans le Nord-Est de l’Ille-et-Vilaine, l’automne semble s’être déjà installé, alors que nous ne sommes que le 15 août. Des feuilles jaunies virevoltent dans l’air et viennent rejoindre des milliers d’autres sur le sol.
"La sécheresse affaiblit vraiment les arbres, qui n’ont pas le temps de faire leur saison de végétation", regrette Benoît Chevallier, technicien forestier territorial dans la forêt de Villecartier depuis 2013.
Conséquences de la sécheresse : des incendies à répétition…
En totalité (domaniale et privée), le massif forestier fait 1200 hectares. Une trentaine a brûlé jeudi 11 août, dans la soirée, sur la commune de Bazouges la Pérouse. Des incendies plus fréquents, c’est une des conséquences du réchauffement climatique, et de la sécheresse qui l’accompagne.
Mais Benoît Chevallier redoute deux autres impacts du réchauffement climatique sur les arbres : le dépérissement et la remontée des espèces pathogènes.
Le dépérissement des arbres
Des arbres et plantes en manque d’eau qui perdent leurs feuilles avant l’heure, Benoît en compte des quantités. Les fougères sont déjà jaunes, mais c’est aussi le cas des chênes, hêtres et châtaigniers dont les houppiers sont asséchés.
"On a des sols ici assez profonds, avec deux mètres de limon, qui permettent d’avoir une réserve d’eau tout au long de l’année, confie Benoît. Cette année, alors qu’on n’est qu’à la mi-août, la fougère a déjà séché, elle est complètement cramée, et donc là on a un matériau qui est prêt à s’enflammer. C’est le symptôme que vit l’ensemble de l’écosystème forestier en raison de la sécheresse. Même en profondeur, il n’y a plus d’eau..."
Le dépérissement, ce sont des arbres qui meurent, des espèces forestières qui ont tendance à disparaître.
Benoît Chevallier, technicien forestier territorial dans la forêt de Villecartier
"Ici par exemple, le hêtre ne pousse plus, poursuit le technicien forestier. il n’arrive pas à résister aux températures qu’on a connues. Depuis début juillet, on voit des branches d’arbres qui deviennent complètement marron, on voit des feuilles jaunir et tomber, comme si on était au mois de novembre. L’arbre est vraiment affaibli. Ils mettront sans doute du temps à mourir mais ils sont peut-être condamnés. Cela va faire du bois mort. On espère que certaines essences, certains arbres s’adapteront au réchauffement climatique, mais pour l’instant, on ne sait pas, on n’a rien pour l’affirmer".
La remontée d'espèces pathogènes
"Le réchauffement climatique et les sécheresse estivales favorisent la remontée vers le Nord de certaines espèces pathogènes qu’on ne voyait pas trop par ici, explique Benoît Chevallier. Ces espèces pathogènes, ce sont des chenilles, des papillons, des insectes et des champignons, principalement. Comme le moustique-tigre, elles remontent vers le Nord et s’attaquent à nos forêts".