Une première dans l'observation marine. Des scientifiques français de l’Ifremer ont prélevé des coraux d’eau froide par 800 mètres de fond dans l’Atlantique. Ils vont désormais les étudier dans des aquariums sous pression uniques au monde pour mieux comprendre les effets du changement climatique sur cette faune des abysses.
Les scientifiques de l'Ifremer viennent de passer un mois à explorer le récif corallien de Lampaul, un récif situé non pas au large de l'Australie, mais à 200 kilomètres des côtes bretonne et à plus 800 mètres de profondeur.
Ces coraux encore peu connus sont des coraux d'eau froide, sensibles comme leur cousins des eaux chaudes à l'acidification et au réchauffement des océans.
Des aquariums ultrarésistants et uniques au monde
Et les chercheurs ne sont pas rentrés les mains vide : ils ont ramené avec eux une centaine de rameaux de coraux.
Une expérimentation hors norme car ces petit coraux vont être étudiés pendant six mois dans des aquariums sous pression, uniques au monde, capables de reproduire les conditions de vie à 800 mètres de profondeur et même au-delà.
"On va reproduire la température, le courant, la pression, d'environ 80 bars, relate Bruce Shillito, enseignant chercheur à Sorbonne Université.
Il faut imaginer que sur chaque cm² de votre peau, vous avez 80kg qui appuient.
Bruce ShillitoEnseignant chercheur à Sorbonne Université
Des aquariums ultrarésistants, imaginés et conçus par des chercheurs de la Sorbonne. Ils permettront d'évaluer l'impact du réchauffement et de l'acidification sur ces organismes sensibles.
L’analyse de toutes ces données nous permettra de mieux connaître la vie de ces écosystèmes coralliens qui constituent autant de refuges, de lieux de reproduction et de nourrissage pour de nombreuses autres espèces.
Julie TourolleIngénieure de recherche en cartographie des habitats marins profonds à l’Ifremer
"Cela nous permettra de savoir de manière plus tangible si les coraux s’acclimateront à l’acidité de l’eau prévue en 2100 ou si leur développement sera affecté", ajoute Lénaïck Menot, chercheur en écologie benthique à l’Ifremer.
Un robot sous-marin téléguidé pour des expériences dans les grands fonds
Des expériences sur site ont aussi été menées grâce au robot Victor, un robot high-tech de près de cinq tonnes, piloté depuis la surface. L'objectif cette fois-ci, "mesurer l’impact des sédiments remis en suspension dans l’eau au voisinage du canyon par les chaluts de fond, souligne Julie Tourolle. Cela permet de savoir si ces activités affectent davantage la santé de ces coraux que la sédimentation naturelle et par quels mécanismes."
Ces coraux sont étudiés depuis une dizaine d'années. L'an passé, un observatoire a été installé sur ce récif corallien afin d'étudier sur le long terme son évolution et celle de la faune associée.