Alors que la France prend la présidence de l’Union européenne, un sommet des Ministres de la défense et des affaires étrangères se déroulera à Brest les 12, 13 et 14 janvier. Les manifestants du Mouvement de la Paix auraient préféré un autre début de mandat. Ils se sont retrouvés dans le Finistère pour exprimer leur rêve d’un autre monde.
"A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, on a dit "Ça suffit !" Et on a créé les Nations Unies "se souvient Roland Nivet, porte-parole du Mouvement de la Paix. "Et puis, on a oublié."
En 20 ans, les dépenses d’armement dans le monde ont doublé. Elles sont passées de 1 000 milliards à 2 000 milliards.
"La logique de l’armement pour se défendre a conduit à l’Afghanistan, des décennies de guerre; à l’Irak, 900 000 morts ; à la Lybie, entièrement détruite, il faut arrêter ça " plaide-t-il.
Préparer la paix, pas la guerre !
Le porte-parole du mouvement n'est guère optimiste : "Les ministres de la défense et des affaires étrangères viennent à Brest pour évoquer l’augmentation des dépenses d’armement. On sait qu’ils veulent la création d’une force européenne d’intervention de 5 000 hommes. Ils souhaitent installer la marine européenne dans la région Indo-Pacifique et lancer un nouveau programme pour un avion militaire européen de 85 milliards d’euros sur 15 ans."
Ludo de Brabander, est membre de "Vrede", paix en flamand. Il est venu de Belgique pour demander que cesse l’accroissement des budgets militaires : " L’OTAN souhaite que les états consacrent 2% de leur PIB à l’armement. Mais l’OTAN est déjà responsable de plus de la moitié des dépenses militaires dans le monde", soupire-t-il.
"Jean-Yves Le Drian, notre ministre des Affaires étrangères devrait faire de la diplomatie", fait mine de s’étonner Michel Amand, membre du Mouvement pour la Paix de Rennes. "Mais dans les faits, sa principale mission, c’est de vendre des armes. Il fabrique de la haine ! La diplomatie ce serait fabriquer de la paix."
Brest, base atomique de l’Europe.
Avant la marche dans les rues de Brest, les militants ont participé à des ateliers. "C’est symbolique Brest", explique Roland de Penanros, membre du collectif finistérien pour l’interdiction des armes nucléaires. "A L’Île Longue, on a l’équivalent de 2 700 bombes comme celle d’Hiroshima. Imaginez un conflit qui éclate, des terroristes qui s’emparent du site... il est plus que temps que l’on arrête !"
"Cette arme ne sert à rien, et coûte très cher, analyse-t-il. Elle ne pourra pas être utilisée, un conflit ne sera jamais nucléaire. Les ogives restent le privilège de quelques grandes puissances qui s’appuient sur la détention de cette arme pour semer la terreur et pour se considérer comme les puissants du monde."
"D’ailleurs, remarque le militant, les Cinq du Conseil de sécurité viennent de signer un texte totalement hypocrite dans lequel ils mettent en garde et indiquent que le nucléaire ne servira pas, qu’il faut empêcher les pays de s’armer. Mais eux, n’ont pas l’intention d’arrêter de l’utiliser."
"Les solutions des problèmes sont politiques, économiques, elles ne sont pas militaires"
Selon la F A O, il y a dans le monde, un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim. Il y a la crise sanitaire, la crise climatique, la crise économique… "Avec 5% du budget consacré à l’armement, on ferait disparaitre les problèmes de faim et d’éducation dans le monde", conclut-il.
Le 22 janvier, on célèbrera le 1er anniversaire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. De nouvelles journées d’action sont prévues pour demander sa ratification.