Ceferina Cordoba était âgée de 65 ans. Elle est décédée dans la nuit du 4 au 5 mars, victime du Mediator. Irène Frachon était son médecin mais aussi son amie. Elle salue une femme exceptionnelle.
Ceferina Cordoba s'est éteinte, entourée de sa fille et sa soeur. Hier soir, Irène Frachon était également à ses côtés. "J'ai compris qu'il fallait que je rentre vite" souligne la pneumologue en plein procès du Mediator à Paris.
Ceferina est la deuxième patiente, victime du Mediator, qu'elle reçoit en consultation en 2008. On lui découvre alors une valvulopathie. Son insuffisance cardiaque entraîne la pose d'un défébrillateur, sous sa peau. Lors d'un reportage en 2013, elle raconte alors :"Souvent le soir quand je me couche, je me dis est-ce que demain matin je vais me réveiller" . Auparavant, en 2011, elle fait un arrêt cardiaque, après son expertise judiciaire "qui avait très dure" se souvient le Docteur Frachon. Ceferina finit par être indemnisée par les laboratoires Servier, au prix d'un long affrontement.
Ceferina, c'est l'histoire du Mediator finalement
"Elle avait une démarche altruiste"
"C'était une femme exceptionnelle. Je suis encore impressionnée par son courage, alors qu'elle connaissait l'issue de sa situation" rapporte le Docteur Frachon. Elle ajoute : "C'était une femme profondément engagée dans cette histoire, mais pas dans la colère et la révolte qui tournent en rond. Elle avait beaucoup de tristesse concernant sa santé perdue mais elle avait une démarche altruiste. Elle voulait aussi mener le combat pour les autres."
Au fil des ans, les deux femmes deviennent amies, toujours en contact. Elle m'appelait "petite soeur" confie Irène Frachon, émue, tandis qu'elle évoque "sa Ceferina". Elle souhaite garder l'image d'une femme joyeuse et souriante, qu'elle a su être jusqu'au bout. "Ceferina, tout le monde a suivi avec angoisse et indignation ce qu'elle a subi."
Ceferina aurait souhaité l'accompagner pendant le procès mais "elle était trop malade" Irène Frachon continue de préserver ses patients. "J'ai informé les autres victimes brestoises du décès de Ceferina. Il y a une sorte de sororité, une fraternité entre toutes ces personnes."
Maître Charles Joseph-Oudin était le conseil de Ceferina depuis 2010. "Son arrêt cardiaque a été un tournant dans cette affaire parce que c'est là que Xavier Bertrand a pris conscience de l'extrême fragilité des victimes et des difficultés des expertises judiciaires. Cela a aussi montré la précarité de ces personnes. Cela a donné l'impulsion politique pour créer le dispositif d'indemnisation, lequel a permis d'indemniser environ 4000 victimes pour 200 millions d'euros" précise-t-il.Pour moi c'est un symbole des victimes du Mediator. Maître Charles Joseph-Oudin
L'homme se dit "être très marqué par son décès". Il observe : "J'ai toujours eu un lien très fort avec elle. Elle a été deuxième cliente alors que je démarrais ma carrière. J'étais présent lors de son arrêt cardiaque, j'étais là pour faire les premiers geste. J'ai assisté à sa résurrection. Cela a laissé entre nous des liens très forts. Cela nous rappelle que 10 ans après le retrait du Mediator, il tue toujours."
"On va continuer à se battre pour faire condamner Servier, c'est l'engagement que j'ai pris auprès de Ceferina. Il faut que les victimes fassent valoir leurs droits et qu'elles continuent de se manifester auprès de la justice."