La pièce "Concerto pour salopes en viol mineur" a été créée par la Compagnie La Divine Bouchère, basée à Brest. Ce spectacle percutant de 30 minutes interroge sur le viol, sur l'acte en lui-même et sur les paroles entendues par les victimes.
"On trouvait que les artistes ne s'appropriaient pas assez le viol". Jessica Roumeur, comédienne et autrice raconte comment est né le spectacle "Concerto pour salopes en viol mineur" proposé et joué par la compagnie brestoise la Divine Bouchère.Le spectacle voit le jour en 2013, à la suite d'un projet artistique autour du viol qui implique également Marion Plumet, plasticienne. "On s'est emparé du sujet, d'abord à deux. Puis finalement, une vingtaine d'artistes y a collaboré. Cela a donné lieu à une exposition, une conférence et cette performance théâtrale." "Certains et c'est assez surprenant nous disent que ce n'est pas assez violent, bien conscients de la réalité."
Un spectacle coup de poing, sur le fond et dans la forme
"J'ai écrit le spectacle en voulant parler de la question du viol, dans ce qu'il a de plus ordinaire, que l'on arrête de fantasmer la scène dans la rue, dans le noir, par un inconnu alors qu'un viol c'est souvent un proche qui le commet. Je voulais parler de scènes de viols banales, de l'acte en lui-même et des paroles que reçoivent les victimes" explique Jessica.
Elle remarque que les femmes doivent rentrer dans une grille de comportement lorsqu'elles sont violées : "On leur dit 'il faut pleurer mais pas longtemps', 'si tu ne cries pas c'est que tu es consentante' qu'elles n'auraient pas dû s'habiller comme ça..."
La pièce dure 30 minutes, incarnée par Anaïs Cloarec, Jessica Roumeur, Louise Forlodou et Véronique Héliès. Un format court, efficace, "coup de poing". "Je me suis inspirée de la construction d'un concerto, avec une soliste qui s'adresse à son ensemble. Soit on se place du côté des victimes, soit on est à l'extérieur." L'été des quatre saisons de Vivaldi rythme le spectacle.
Jessica précise que le spectacle s'adresse à un public à partir de 14 ans. "Le discours n'est pas édulcoré, je dis froidement ce qu'il en est. Cela peut être difficile. C'est pour ça que la pièce est toujours suivi d'un temps de discussion."
Comment réagissent les spectateurs ? "Il y a souvent beaucoup d'émotions", relève Jessica. "Certaines nous parlent de leur viol. Quand ça se produit cette parole est accueillie." "Il peut aussi y avoir de l'hostilité de la part des hommes qui se sentent pointés du doigt alors que ce n'est pas une accusation mais bien un état des lieux." "Certains et c'est assez surprenant nous disent que ce n'est pas assez violent, bien conscients de cette réalité." "L'objectif c'est d'envisager de travailler ensemble, pas de cliver", conclut Jessica.Le débat ça doit être l'espace de respiration après l'intensité de la pièce
"Concerto pour salopes en viol mineur" est joué à Rennes le 26 novembre, à partir de 19 h 30 au Tambour, à l'université de Rennes 2 et l'entrée est gratuite. D'autres dates sont prévues en janvier 2020 à Brest, ainsi qu'en mai à Quimper.