Échouage de cétacés. "On risque encore de battre un record cette année"

Alors que les échouages de cétacés se multiplient depuis huit ans, l'Observatoire Pélagis, coordinateur du réseau national d'échouage s'attend à ce qu'un nouveau record soit battu cette année, y compris en Bretagne. Depuis 2020, la commission européenne presse pourtant la France de mettre en place des périodes et zones de fermeture des activités de pêche.

Entre le 12 et le 17 août dernier, trois cadavres de dauphins ont été retrouvés échoués dans le Sud Finistère, entre la Pointe de la Torche à l'Archipel des Glénan. 

Ce samedi 19 août, un quatrième cadavre a été découvert sur la plage de la Torche.

"Depuis fin juillet, la fréquence des échouages est très soutenue", analyse Willy Dabin en charge de la coordination et de l'animation du réseau national d'échouage.

"Depuis quatre ou cinq ans, on constate un pic à cette période de l'année sur la côte atlantique. Cette année, il est encore plus important malheureusement. On est parti pour battre un nouveau record."

Willy Dabin

En charge de la coordination et de l'animation du réseau national d'échouage

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Si les échouages se multiplient cet été, ils étaient aussi plus nombreux que d'habitude cet hiver. Selon les chercheurs du CNRS, près de 1 500 petits cétacés ont été retrouvés morts sur l'ensemble de la côte atlantique française entre le 1er décembre 2022 et le 30 avril 2023, dont une grande majorité de dauphins communs. C'est un quart à un tiers de plus que les précédents hivers. 

Un phénomène qui s'aggrave chaque année depuis 2016. "Auparavant, en Bretagne, on recensait entre 150 et 200 échouages par an, rappelle Sami Hassani, responsable du service mammifère marin à Océanopolis-Brest et coordinateur du réseau régional Échouage en Bretagne. On en a compté 512 en 2021 et 657 en 2020, deux à trois fois plus."

80 % des échouages liés aux engins de pêche

Ce recensement est réalisé par les 400 bénévoles du Réseau national d'échouage Pélagis. Scientifiques et vétérinaires analysent les cadavres de cétacés pour tenter de déterminer les causes de la mort.

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"On observe l'apparence externe et interne du dauphin pour identifier s'il y a eu contact avec un filet de pêche, relate Willy Dabin. On cherche des effusions de sang en interne ou des hématomes sous-jacent. En externe, on peut aussi avoir des coupes lorsque le pêcheur a dû dégager son filet. On cherche aussi à exclure la possibilité d'une pathologie majeure en observant s'il y a eu une alimentation récente par exemple."

Résultat: "Au niveau national, on constate que 80 % des échouages sont liés à des engins de pêche assure Sami Hassani. En Bretagne, on tombe à 60 % mais cela reste une proportion importante."

"Mais cette surmortalité n'est pas liée à une augmentation de l'effort de pêche ni à des changements de pratiques."

Sami Hassani

Responsable du service mammifère marin à Océanopolis-Brest et coordinateur du réseau régional Échouage en Bretagne

Les scientifiques ont une hypothèse : le changement de comportement des dauphins communs. "Normalement, ces animaux vivent au-delà du plateau continental. Mais une partie d'entre eux le fréquentent désormais beaucoup plus fréquemment et intensément. C'est aussi la zone où il y a beaucoup d'activités de pêche..."

Pour mieux réduire ces captures, un groupe de travail national, piloté par le Secrétariat d'État chargé de la Mer et le ministère de la Transition écologique a été mis en place en 2017.

"L'installation de répulsifs acoustiques sur le haut des chaluts a permis de réduire les captures de 60%, souligne Sami Hassani. Mais sur les fileyeurs de plusieurs centaines de mètres de long, c'est plus compliqué. On tente d'installer ces répulsifs directement sous la coque des bateaux."

Des amendes pour la France ?

Des mesures trop peu efficaces. La Commission européenne a ouvert en juillet 2020 une procédure d'infraction contre la France qui pourrait la contraire à payer une amende importante si la procédure est portée jusqu'à la Cour de justice de l'Union européenne.

En février dernier, la Ligue pour la Protection des Oiseaux a demandé à la Commission européenne de saisir la Cour de justice de l'Union européenne, pour faire réagir le gouvernement français.

En mars, c'est le Conseil d’État qui a ordonné au gouvernement de fermer certaines zones dans l'Atlantique aux activités de pêche responsables des captures de cétacés, à savoir les chaluts pélagiques et les fileyeurs dans l'Atlantique.

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