Un tout nouveau biocarburant est testé depuis le début de la semaine sur la vedette de la SNSM de Douarnenez. Cette expérimentation est menée pendant les prochains mois par la société Total Energies. "Si ça tient la marée, ça sera une révolution."
"Si ça tient la marée, ça sera une révolution !" Sur la vedette de la SNSM de Douarnenez, on ne cache pas son enthousiasme. Depuis lundi, un tout nouveau biocarburant est testé dans le cadre d’une expérience menée par le pôle One Tech de Total Energies. La société pétrolière met 100 000 euros sur le tableau de bord dans l’opération.
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Le navire possède deux moteurs et deux cuves distinctes. Dans l’une des cuves, les équipes de Total et de la SNSM ont mis un carburant diesel pêche classique. Dans l’autre, un biocarburant composé de 30% de base renouvelable. Le mélange doit permettre de réduire de 18% les émissions de gaz à effet de serre.
"On voit nettement la différence du côté des échappements, se réjouit Patrick Le Joncour, mécanicien de la vedette. Côté tribord où on a mis du carburant bio dans la cuve, il y a nettement moins de fumée. C'est bon pour la planète tout cela."
"On ne fait pas cela à la légère"
En salle des machines, des capteurs ont été branchés sur les deux systèmes pour comparer la température de l'huile, la pression, la consommation de gazole. "On n’est pas sûr que cela marche à 100%, tempère Marcel Legadec, mécanicien de la vedette. Mais on espère grandement que cela va fonctionner."
"Un bateau, ce n'est pas un camion où en cas de problème il suffit de se mettre sur le bas-côté, explique Jean Loup Thivet, Directeur d'Us Blue, distributeur de carburant marin. Ici, on a des hommes, des matériels. Le risque est important donc on ne fait pas cela à la légère. On est accompagné par des scientifiques et des professionnels. Si ça tient la marée, ça peut être une révolution."
Les flottes de pêche dans le viseur
Le biocarburant n'est pas encore utilisé aujourd'hui par les pêcheurs car au contact de l'eau des bactéries se développent. Les techniciens de Total Energies, qui gardent jalousement la recette, ont incorporé un additif bactéricide.
"Si on a de la croissance de bactéries, on va encrasser tous nos filtres, précise Barabara Heyberger, du pôle One Tech. Cela va entraîner une perte de propulsion du bateau. C'est assez problématique en cas de grosse mer."
"Au niveau de la pêche, c'est primordial, avance Marcel Legadec. La majorité des bateaux de pêche sont équipés de diesel avec des moteurs similaires de ceux de la SNSM."
L’expérience qui vise à aider à décarboner les navires de moins de 30 mètres est surveillée de près par le secteur maritime français et international.