Clément Colin est artisan designer écologue à Plougastel Daoulas, dans le Finistère. Il transforme les épluchures et peaux de fruits en matière première et fabrique notamment des accessoires de maroquinerie.
Tous les deux mois environ, Clément Colin vient dans une entreprise qui fabrique du rhum arrangé, découper la peau d'une centaine d'ananas.
"On coupe les extrémités et ça nous permet d’obtenir les cylindres et d’avoir la plus grande surface possible de peau d’ananas" explique Clément Colin. "L’ananas est super, parce qu’il a une peau épaisse et très fibreuse qui se tient bien."
Encore épaisse et pleine d'aspérités, cette peau va subir de nombreuses transformations avant d'être transformé en portefeuille ou autres sacs.
Première étape, Clément Colin râcle la peau sans trop forcer pour ne pas la déchirer, car elle est pleine d'eau et reste encore fragile à ce moment-là.
Ensuite, les peaux d'ananas, mais aussi d'agrumes ou de melon, passent par 18 étapes: de la teinture au collage sur une doublure de liège, en passant par le pressage, avant de devenir une matière première qu'on peut transformer en objet de décoration.
Un matériau écologique
En se lançant il y a trois ans, le jeune designer autodidacte voulait inventer le matériau le plus écologique possible. "Vu que je travaille avec des matières que je suis le seul à travailler, j’ai dû adapter le savoir-faire du maroquinier à cette matière, comme j’ai dû adapter le process de transformation des peaux de fruits. C’est vrai que toutes les étapes m’ont demandé un travail d’adaptation... des essais et des ratés, beaucoup de ratés, on voit ce qui marche et on avance".
Comme tout artisan qui découvre une nouvelle technique, Clément peine encore à bien vivre de ses créations, mais croit en son invention.