Alors que les flammes continuent de gagner du terrain dans les Monts d'Arrée, le préfet du Finistère a fait un point ce mardi : 1700 hectares ont déjà été brûlés mais les points sensibles comme la population, les habitations, les exploitations mais aussi la chapelle du mont Saint-Michel de Brasparts ont été sauvés. Un peu plus de 500 personnes ont été évacuées. Parmi elles, 200 ont été prises en charge dont six enfants.
"La priorité maintenant, c'est de combattre et de maîtriser la progression du feu." Le préfet du Finistère ne le cache pas ce mardi midi : les flammes gagnent toujours du terrain dans les Monts d'Arrée.
Fortes températures et vents tournants
Parti lundi en début de soirée, à proximité de la chapelle de Saint-Michel de Brasparts, le feu s'est très vite propagé : "Malgré les efforts des premières équipes, le feu est parti dans plusieurs directions", complète le Lieutenant-colonel Gilles Boulic, commandant des opérations de secours la nuit dernière. "Pendant toute la nuit, il y a eu énormément de vents tournants, on a vraiment eu un étalement du feu dans plusieurs directions."
"Très vite, nous avons dû nous concentrer sur quelques points critiques et sensibles. La lisière du feu s'est propagée durant la nuit, malgré les passages de l'avion et malgré les reconnaissances effectuées avant que la nuit tombe."
Les conditions météorologiques n'ont pas aidé. Avec des températures frôlant parfois les 40 degrés et le vent qui n'a cessé d'attiser le feu, le Lieutenant-colonel Gilles Boulic le reconnaît : "Nous avons eu beaucoup de difficultés à surveiller la progression du feu. D'ailleurs en pleine nuit, nous avons dû procéder à de nouvelles évacuations."
Six sapeurs pompiers ont eu des malaises durant ces opérations. 1700 hectares sont déjà partis en fumée.
Alors que de nombreux incendies sévissent dans l'Ouest et le sud-ouest de la France, la question des moyens disponibles s'est avérée cruciale : "Le préfet de zone de Défense Ouest qui opère des arbitrages nous a octroyé hier le passage d'un avion, un bombardier à eau (un Dash) qui a fait deux passages hier, et ce matin un nouveau passage a duré environ une heure."
200 pompiers de l'Ouest toujours mobilisés
Ce mardi midi, les pompiers sont toujours sur quatre fronts et tentent toujours d'arrêter la progression du feu.
"On a quatre objectifs majeurs aujourd’hui, précise le Lieutenant-colonel Renaud Quéméneur qui commande les opérations secours ce mardi : Stopper la propagation du feu sur le flanc avant gauche, le long de la D11 où on met en place une ligne d’appui pour éviter que le feu passe au-delà. Deuxième secteur mis en place sur le flanc avant-droit pour éviter toute propagation vers une sapinière. Troisième secteur sur le flanc arrière droit du feu en direction d’une zone de marécage et de tourbe. Et on réfléchit à la création d’un quatrième secteur sur le milieu flanc gauche du feu pour créer une ligne d’appui et arrêter le feu. Voilà nos idées de manœuvre pour aujourd’hui."
200 pompiers sont toujours mobilisés, ainsi qu'une soixantaine de véhicules engagés sur le terrain. Les professionnels viennent du Finistère mais aussi des autres départements bretons et ligériens : Côtes d'Armor, Morbihan, ainsi que Loire-Atlantique, Vendée et Maine-et-Loire luttent contre les flammes dans les Monts d'Arrée.
"C’est très physique comme exercice pour les professionnels mobilisés, insiste le Lieutenant-colonel Renaud Quéméneur. C'est de la vraie endurance physique. Il nous faut être dans la capacité d’anticiper nos relèves avec du personnel formé spécifiquement dans le domaine du feu de forêt. Les conducteurs, notamment mais aussi les chefs d’agrès ont une qualification spécifique et on fait en sorte que le personnel relevé dispose de ces qualifications."
Parmi les points sensibles : la chapelle est sauvée
"La stratégie qui est la nôtre depuis hier après-midi est respectée, a tenu à noter d'entrée de jeu le préfet du Finistère, Philippe Mahé. Dans un premier temps, il s'agissait de protéger tous les points sensibles repérés par l'hélicoptère Dragon et le travail sur carte très minutieux effectué par le PC opérationnel."
En relation avec les mairies concernées, toutes les habitations et exploitations, habitées ou non, ont été vérifiées : "Il nous fallait sauvegarder les biens, les hommes et les animaux, qui constituent l'outil de travail d'un certain nombre de personnes dans ce secteur des Monts d'Arrée" poursuit le préfet.
Les opérations d'évacuation ont été mises en œuvre à partir de 22h et jusqu'à 3h du matin concernant les hameaux de Commana. L'autre priorité était aussi de protéger la chapelle de Saint-Michel de Brasparts qui est emblématique dans ce département.
"Ils ont réussi à préserver la chapelle de Saint-Michel de Brasparts, on les en remercie", a noté ce midi le président du département finistérien qui a salué le travail des pompiers.
Maël De Calan a aussi précisé qu'un bilan des dégâts environnementaux va rapidement être dressé. Il devrait être publié dans 48h. Sur les 1.500 hectares concernés, un tiers de la surface est géré par le département. "Avec tous les maires des alentours, nous allons dès à présent réfléchir à la réparation des lieux."
Les Monts d'Arrée sont abîmés, mais les Monts d'Arrée seront soignés, seront réparés, et rapidement.
Maël De Calan, président du conseil départemental du Finistère
L'objectif des élus locaux, c'est de restaurer au plus vite les landes et les tourbières. "Le conseil départemental ne lésinera pas sur les moyens, en lien très étroit et sous la coordination du préfet du Finistère. Même si les flammes ne sont pas encore éteintes, il faut que le Finistère se dise que les Monts d'Arrée revivront, et revivront vite !" a jouté Maël De Calan.
Près de 500 personnes évacuées
Depuis lundi soir, aucune victime n'est à déplorer, mais près de 500 personnes ont été évacuées par les pompiers et gendarmes. La plupart ont été relogés chez des proches, familles ou amis des alentours, mais d'autres ont été pris en charge : 200 personnes au total, dont six enfants, selon le préfet. Parmi elles, une centaine a trouvé refuge dans une salle des sports de la commune de Sizun.
"Elles sont originaires majoritairement de la commune de Botmeur, mais il y a aussi des personnes de Commana et quelques résidents de Sizun qui se trouvaient sous le panache de fumée" précise Daniel Le Saint, le premier adjoint à la mairie de Sizun qui a été sollicité vers 23h ce lundi soir.
"La salle a été activée à la demande de la cellule de crise de la préfecture aux alentours de 23h30 et les premiers sont arrivés vers minuit et demie."
Parmi les 92 personnes qui ont trouvé un lit de fortune dans la salle des sports de Sizun, figurent des habitants, mais aussi quelques vacanciers.
"C'est essentiellement des gens qui habitent dans le coin, des familles avec des personnes de tous âges. Mais comme un camping qui borde le lac du Drennec a été évacué, il y a aussi quelques vacanciers étrangers, des Hollandais notamment..." précise l'adjoint.
C'est normal que la solidarité s'organise entre communes voisines pour accueillir les gens, c'est ça l'essentiel !
Daniel Le Saint, premier adjoint à la mairie de Sizun
La salle a été armée par les bénévoles de la Croix Rouge. "Ceux qui voulaient dormir ont pu dormir sur des lits de camp. Ce matin, on a trouvé dans toutes les boulangeries du coin de quoi leur fournir un petit-déjeuner et un repas froid va leur être amené ce midi" complète le premier adjoint de Sizun.