Les élèves de seconde doivent effectuer un stage en milieu professionnel obligatoire du 17 au 28 juin 2024. Beaucoup restent sans solution à moins de trois semaines de la date butoir. Et même s'il existe des alternatives, ça coince, au grand désespoir de ces lycéens de Brest.
Devant ce lycée de Brest, la question tourne en boucle entre les élèves de seconde : "t'as trouvé un stage, toi ?". Et la réponse est souvent la même : "pas encore". Alors, c'est peu de dire que le stress commence à gagner les lycéens à qui il reste moins de trois semaines pour décrocher un stage d'observation en entreprise de 15 jours, obligatoire, dont le démarrage est fixé au 17 juin.
"Les places sont prises"
Annoncée en septembre 2023 par Gabriel Attal, lors de son bref passage au ministère de l'Éducation, "la reconquête du mois de juin" est plutôt synonyme de "galère" pour ces jeunes, lesquels n'hésitent pourtant pas à traverser la rue pour frapper aux portes des commerces et autres entreprises du coin. "On cherche tous un stage en même temps, donc forcément, c'est compliqué" se désole Zoé qui, ce jour-là, essuiera plusieurs refus "car les places sont prises".
Avec sa copine Alix, elle arpente les rues de Brest. Librairies, salles de cinéma, de spectacles, "pour coller un peu à notre cursus scolaire puisque l'on fait option danse" expliquent les adolescentes, mais rien n'aboutit. "C'est plus stressant qu'autre chose, dit Zoé. On est désespérées, j'avoue".
À défaut de stage en milieu professionnel, Tatiana, elle, a opté pour un BAFA. Elias, de son côté, va partir un mois en Irlande pour un séjour linguistique. "C'est un peu flou, tout ça, constate-t-il. Je ne sais pas trop quoi en penser".
Le reportage de Manon Le Charpentier et Morgane Trégouët
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Les élèves de seconde ont l'obligation d'effectuer un stage en milieu professionnel du 17 au 28 juin 2024. Seul hic : ils ne trouvent pas d'entreprise pour les accueillir
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©France 3 Bretagne
"Inégalités sociales"
2.000 offres de stages pour les 27.000 élèves de seconde que compte la Bretagne sont recensées sur la plateforme "1jeune1solution". Sauf que certaines sont déjà pourvues, alors qu'elles sont toujours en ligne. De quoi y perdre son latin même si pour le secrétaire général du Medef dans le Finistère, "le manque de places n'est pas un facteur bloquant. Ce stage en entreprise est une belle opportunité, affirme-t-il, une belle expérience". Yann Halna Du Fretay incite même les parents à "donner un coup de main" à leurs enfants.
Une solution qu'Olivier Cuzon, du syndicat Sud Éducation, bat en brèche, pointant "les inégalités sociales" entre les élèves. "Les parents qui travaillent, qui ont un réseau étoffé, vont effectivement réussir à trouver des lieux de stage pour leurs enfants, souligne-t-il. Tandis que les précaires, les chômeurs, les ouvriers d'usine, qui ont un carnet d'adresses moins épais, auront plus de mal à accompagner leurs enfants dans la démarche".
Selon lui, "l'idée de faire découvrir le monde professionnel est bonne mais c'est tellement mal fait, regrette-t-il. Les délais sont trop courts, ça n'a aucune efficacité puisque l'on met les jeunes dans une impasse et dans l'échec".
Sur le carreau
À l'échelle nationale, un élève de seconde sur deux n'a pas trouvé de stage à moins de trois semaines de la date butoir. Ceux qui resteront sur le carreau pourront être accueillis dans les établissements scolaires. "Qui va les encadrer ? demande Olivier Cuzon. On n'a pas les moyens humains de le faire puisque la plupart des enseignants à cette période surveilleront les épreuves écrites du baccalauréat".
Reste le "séjour de cohésion" dans le cadre du SNU, le service national universel, qui dispense les élèves de seconde du stage en milieu professionnel. Mais là aussi, il semblerait que cela coince : les inscriptions pour le premier semestre 2024 sont clôturées.
(Avec Manon Le Charpentier)