C'est dans l'archipel de Lilia et l'Aber-Wrac'h, dans le Finistère, que Guénolé Marquier invite à un voyage sous l'eau. Son semi-sous-marin peut embarquer jusqu'à 12 passagers. Il vogue à vitesse lente pour que chacun puisse prendre le temps d'observer la faune et la flore. Reportage.
Depuis la pointe du Kastell Ac'h, à Lilia-Plouguerneau, le panorama sur l'île Vierge et son phare vaut le coup d'œil. Mais ce dimanche, le regard des promeneurs est surtout attiré par une forme rouge et oblongue, en contrebas.
Le semi-sous-marin de Guénolé Marquier ne passe pas inaperçu depuis sa mise à l'eau. Sur les flancs de l'embarcation, cette inscription en breton : Spluj (plongée) qui est aussi le nom donné à la petite entreprise de balades sous l'océan qu'il a lancée. "J'ai failli l'appeler Rackham, en référence à Tintin" sourit le trentenaire qui s'affaire à bord, en attendant les voyageurs du jour.
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"Un monde fantastique"
La grisaille et le crachin sont au rendez-vous. Peu importe. Tout le monde sera à l'abri dans le ventre du 's'mi soum' doté de larges parois de verre permettant d'observer la vie aquatique. "Hey Guéno" lance une voix d'enfant au loin. Le capitaine répond par un signe de la main. "On arrive" poursuit le gamin qui descend jusqu'au bateau avec, à sa suite, sept autres personnes. "Tu crois qu'on verra des poissons ? interroge une fillette en grimpant sur le pont. Et des phoques ? Et des hippocampes ?".
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Après le rappel de quelques consignes de sécurité, le Spluj quitte la cale et part pour une balade d'une heure jusqu'à l'île Vierge. Assis sur des petits coussins bleus, le nez collé aux hublots, adultes et enfants plongent dans ce que Guénolé appelle "la jungle multicolore". Ici des forêts de laminaires, là, des herbiers de zostères, un peu plus loin un banc de maërl. "Les algues autour de Lilia, c'est un monde fantastique" s'extasie Soizig qui dit réaliser "un rêve d'enfant". "J'ai toujours eu envie d'aller me promener sous l'eau. On a l'impression d'être dans "Vingt mille lieues sous les mers" avec le capitaine Nemo" lâche-t-elle en riant.
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C'est à l'occasion d'un séjour en Méditerranée que Guénolé Marquier a croisé la route d'un semi-sous-marin. Lui qui a enfilé masque, tuba et palmes un peu partout sur la planète - de Zanzibar à la grande barrière de corail en Australie, de l'Afrique-du-Sud aux Antilles - s'est dit que ce type d'embarcation serait l'outil idéal pour faire découvrir les fonds marins de l'Aber-Wrac'h et de Lilia. "J'avais envie d'être le fou qui amène un bateau pareil dans nos eaux mouvementées, confie-t-il. Et je ne suis pas le seul puisqu'il y en a un à Crozon".
Dans le coin de Plouguerneau, la rumeur raconte qu'il a construit lui-même le sous-marin de 9 mètres. Ce qui l'amuse car, en réalité, le Spluj est sorti d'un chantier croate. "C'est le 66e de la série" précise son capitaine qui opère, du même coup, sa reconversion professionnelle. Après avoir passé ces vingt dernières années devant un ordinateur, à programmer des sites internet, Guénolé Marquier a décidé de vivre pleinement sa passion de la mer.
Originaire de la baie de Morlaix, nageur embarqué de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer), kitesurfeur et amateur de chasse sous-marine, il est ici dans son élément. "J'aime le merveilleux, relate-t-il. Et l'océan me donne de quoi faire. Tous les jours, il me surprend. C'est cette expérience que j'ai à cœur de partager".
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Casquette vissée sur une chevelure longue et lunettes de soleil, Guénolé Marquier pointe un phoque à la surface de l'eau. Certains passagers sont venus le rejoindre sur le pont à l'approche du phare de l'île Vierge, histoire de prendre un peu l'air. La silhouette rouge du Spluj s'immobilise quelques instants. Avant de faire demi-tour pour rentrer au bercail. À petite allure.