Une association bretonne avait demandé à inscrire, en "extrême urgence", la toponymie bretonne au patrimoine immatériel de l'humanité. Un comité de l'Unesco a répondu que cette candidature pour la sauvegarde des noms de lieux-dits ne constituait pas "un cas d'extrême urgence".
Faut-il protéger sans délai les noms des hameaux de Bretagne? En juillet dernier, le Craquelin de la vallée de la Rance, ce biscuit traditionnel de Haute-Bretagne dont seuls cinq fabricants perdurent, est entré à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Les noms de lieux en Bretagne ont tenté leur chance auprès de l'Unesco, à l'instar des enclos paroissiaux ou des mégalithes de Carnac.
À l'origine de la demande faite à l'Unesco, l'association Koun Breizh ("Mémoire de Bretagne"). Celle-ci estime que la loi dite "3DS", pour "différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification", promulguée en 2022, menace la toponymie bretonne, en obligeant les communes de moins de 2 000 habitants à attribuer un nom de rue et un numéro pour chaque domicile. Cette standardisation des noms de lieux "conduit de manière silencieuse et insidieuse à la débretonnisation de nos campagnes", avait déploré Yvon Ollivier, président de l'association Koun Breizh, en mai 2024.
Lieux-dits et hameaux
Dans sa requête à l'Unesco, l'association citait des exemples de noms de hameaux en breton qui disparaissaient ou étaient francisés suite à ce nouvel adressage.
Le but de cet adressage est de faciliter notamment les secours, la distribution de lettres et de colis, ou encore le déploiement de la fibre optique. Il a également fait débat dans d'autres régions françaises, qu'il s'agisse de l'Alsace ou de la Creuse.
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"Une perte inestimable"
D'après l'association de défense de la langue bretonne, certains lieux-dits "disparaissent au moment de la saisie dans la Base Adresse Locale gérée par La Poste ". Koun Breizh considère que "les règles fixées par le logiciel informatique privilégient les noms de rue et prennent le pas sur une toponymie ancestrale en langue bretonne, occasionnant une perte inestimable".
Dans sa décision, le bureau du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco encourage "la France à continuer à travailler avec les communautés concernées pour assurer la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel" en Bretagne.
L'association Koun Breizh y voit une reconnaissance de "notre toponymie en langue bretonne" et un appel aux "pouvoirs publics à se consacrer pleinement à sa protection", selon un communiqué.