La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a maintenu en détention, ce vendredi 27 octobre 2023, un jeune homme de 23 ans accusé d'avoir commis un viol à la sortie d'une boîte de nuit à Brest (Finistère) en février 2022.
Le jeune prévenu était arrivé en France en 2020 après avoir "payé un passeur" depuis le Maroc pour traverser "l'Algérie et l'Espagne" avant d'arriver à Paris, puis à Brest. Il était poursuivi pour "le viol d'une jeune femme" commis "en pleine rue" et alors qu'elle était "alcoolisée" et qu'elle "rentrait avec une connaissance".
Ces deux-là étaient en fait tombés sur "un groupe d'individus" dont l'un d'eux aurait entraîné la jeune femme "au fond d'un parking" tandis que son ami "restait avec le groupe". La plaignante avait dit avoir été "plaquée contre une voiture", s'être vue "arracher ses sous-vêtements" avant de subir "une pénétration" jusqu'à "éjaculation" et ce, "malgré ses protestations".
En "pleurs" après les faits, elle avait "rejoint" la personne qui l'accompagnait et lui avait indiqué avoir été "tripotée" : le lendemain, en "réalisant la gravité des faits", elle s'était décidée à déposer plainte devant les services de police.
La relation sexuelle filmée
L'examen médical pratiqué sur la plaignante a révélé "une zone hémorragique" à l'intérieur de son vagin, "compatible avec un impact à ce niveau". L'expert a aussi retenu le "retentissement psychologique" subi par cette jeune femme.
L'ADN de son agresseur présumé, jamais condamné jusqu'alors, a pu être relevé sur "les collants, la robe et au niveau du vagin" de la plaignante. Il était déjà enregistré au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) pour des "procédures pour vol, stupéfiants, port d'arme blanche et infraction à la législation sur les étrangers".
Il avait pourtant dans un premier temps "nié formellement" avoir eu un rapport sexuel la nuit des faits, allant même jusqu'à déclarer : "Montrez-moi des preuves que j'ai violé une femme, vous pouvez même prendre mon ADN"...
Après coup, il avait "finalement reconnu avoir un rapport sexuel", mais "consenti" et "à la demande de la plaignante" : celle-ci l'avait "approché de son plein gré". Une "vidéo exploitable" et "datée du moment des faits" a été découverte "sans image mais avec le son". Elle "laisse entendre une relation sexuelle", a précisé la magistrate de la cour d'appel de Rennes.
Une affaire sur fond d'alcool
Reste que, pour l'avocat de cet homme incarcéré depuis avril 2022, celui-ci devait être remis en liberté : la "confrontation" un temps évoquée par le juge d'instruction n'a "jamais eu lieu" et on sait que son éventuel passage devant une cour criminelle "ne pourra pas avoir lieu en 2024" puisque "l'ordonnance de mise en accusation n'est pas rendue" à ce jour.
Me Ronan Appéré a aussi rappelé que "la partie civile était également alcoolisée ce soir-là" et que les faits dénoncés avaient été commis à la sortie d'une "discothèque bien connue de la place brestoise" où "à 2 ou 3h du matin, le fait de ne pas être alcoolisé c'est l'exception".
De plus, "la victime est "un transsexuel connu pour avoir des comportements un peu exubérants", a précisé l'avocat brestois - seul à décrire ainsi la victime au cours de cette audience. Son client avait lui la volonté de s'insérer dans la société française et de "trouver un contrat de travail comme coiffeur".
"Le risque de renouvellement est là, il a filmé les ébats", a pour sa part déploré l'avocate générale pour réclamer le maintien en détention de celui qui "a usé de plusieurs identités" et "fait l'objet de plusieurs Obligations de quitter le territoire français" sans s'y plier.
Finalement, la cour d'appel de Rennes s'est rangée à son avis.