Maison d'arrêt de Brest : le dispositif "Respecto" pour prévenir la récidive

La maison d'arrêt de Brest applique depuis début octobre le programme "Respecto". Celui-ci vise à autonomiser et à responsabiliser les détenus en leur proposant par exemple de circuler plus librement. L'objectif à terme : éviter la récidive et diminuer la population carcérale.

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La maison d'arrêt de Brest est l'un des établissements pénitentiaires, parmi dix huit autres en France, à appliquer le dispositif "Respecto" qui existe depuis déjà dix ans en Espagne.

L'établissement l'a instauré depuis octobre dernier, après plusieurs constats, notamment celui de la récidive, importante mais aussi de la surpopulation. À Brest, on compte 334 détenus (âgés en moyenne de 35 ans) pour 202 places, avec des conditions d'incarcération "pas acceptables" relève la directrice Catherine Pech. La surpopulation entraîne des difficultés, entre détenus, avec le personnel. "Il n'y pas une semaine sans intervention à ce sujet" précise t-elle. 

"Respecto", pour autonomiser et responsabiliser les détenus


En maison d'arrêt, tout est fermé, avec des permissions de sorties (dans l'enceinte de la prison) selon l'emploi du temps du détenu. "Respecto" vise à offrir aux détenus une certaine flexibilité, en échange d'une stricte obéissance aux règles. La personne incarcérée signe un contrat et s'engage avec l'adminstration pénitentiaire. Un système de points (bons ou mauvais) et mis en place, il déterminera si le détenu peut continuer à bénéficier de "Respecto".

L'idée c'est de proposer quelque chose d'inhabituel, d'ouvrir une partie de la détention sous conditions et protocoles (Catherine Pech)


"Respecto" a été expliqué à tous, lors d'une réunion collective en amont. Il est ouvert à "toutes les personnes écrouables" à Brest, sur la base du volontariat. Ils sont aujourd'hui 74 à y être inscrits, répartis sur un étage de la maison d'arrêt, sous la houlette de dix surveillants également volontaires. "Il y a quand même des conditions préalables, liées au comportement des personnes car il ne faudrait pas générer d'incidents" rappelle Catherine Pech. 

En possession d'une clé


Parmi les mesures, les détenus disposent de l'une des clés de leur cellule. Le premier écrou est toujours levé par un surveillant. Ils peuvent notamment gérer leurs déplacements, pour aller à leur travail ou leurs activités de loisirs, sur un périmètre donné et des plages horaires. Pas de libre circulation la nuit. Chaque individu participe à des activités en fonction de son profil. Des ateliers sur l'impulsivité, les mécanismes de passage à l'acte, le contrôle de soi sont proposés. Ce travail se fait également en lien avec l'entourage. "On axe beaucoup sur la parentalité". 

Il faut qu'en face la personne le veuille. Elle est là pour agir sur le sens de sa peine, pour réfléchir à ce pour quoi elle est ici


Catherine Pech insiste sur cette responsabilisation du détenu, sans lequel rien ne se fera quoiqu'il arrive. "On ne peut par exemple pas obliger les soins en prison". "Respecto" redonne un rythme et une autonomie pour permettre au détenu de mieux s'en sortir dehors alors que le rythme en prison est toujours "très segmenté, avec des temps très marqués."

Un reportage de C. Collinet-Appéré, C. Polet, J. Abgrall, R. Gurgand / avec Patrick, Surveillant pénitentiaire, Catherine Pech, Directrice Maison d'arrêt de Brest

Un dispositif bien accueilli


Au bout d'un mois et demi d'application, la directrice et son personnel notent des points positifs. D'abord une absence de rapports de force entre surveillants et détenus. Les surveillants travaillent sur douze heures, afin d'établir un vrai suivi. "La détention est plus apaisée" note Catherine Pech. Certains détenus qui jugeaient "Respecto" trop contraignant ont démissionné, pendant que d'autres s'interrogent sur une potentielle participation. "Ça discute beaucoup à ce sujet". 

Trois aménagements de peine ont déjà eu lieu, suite à l'implication des détenus. 

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