Manifestations du 1er Mai et réforme des retraites. Les ouvriers de l'agro-alimentaire témoignent de la pénibilité au travail

Les ouvriers de l'agro-alimentaire seront dans la rue le 1er mai. Vus leurs conditions de travail et leurs horaires souvent décalés, ils trouvent la réforme des retraites très injuste. Nombreux sont ceux qui n'arrivent d'ailleurs pas à travailler jusqu'à 60 ou 62 ans pour cause de maladies professionnelles et d'inaptitude au travail, Le report à 64 ans leur parait impensable.

Michel Caradec a travaillé en 3x8 à la Sill, entreprise spécialisée dans l'industrie laitière, basée dans le Finistère, à  Plouvien. Travail de nuit, vigilance qui diminue avec l'âge. Demain, il sera en retraite à 60 ans après une carrière longue. La retraite à 64 ans, il n'imagine même pas." Cela va être compliqué pour certains. Dans nos métiers, jusqu'à 50 ans c'est jouable mais après, selon la forme de chacun, vu notre type de travail, on peut rencontrer des difficultés de sommeil. On ne se rend même pas compte de la fatigue accumulée" explique t-il.

Avant le retraite, déjà abimées par le travail

Mais le pire des conditions de travail dans l'agroalimentaire se trouve dans l'industrie de la viande. A Chateaulin, employées chez France Poultry, Delphine et Laurence ont la cinquantaine et se disent déjà cassées à force de manipuler les poulets.

Les gestes répétitifs font qu'on a mal. On ne peut plus lever le bras ou s'habiller. Je tourne aux anti-inflammatoires et aux infiltrations depuis 20 ans. Alors la retraite à 62 ans, c'était déjà compliqué. A 64 ans, c'est impossible.

Delphine, salariée chez France Poultry

Maryse Carn est une de leurs anciennes collègues de l'abattoir. Mais un jour son corps a dit non. Inaptitude, reclassement impossible, licenciement, chômage : plus possible de travailler pour elle. La réforme des retraites, elle la vit vraiment comme une injustice. Elle explique : "J'avais sufisament de trimestres pour partir en carrière longue. Logiquement, mon dossier était bouclé pour un départ en novembre 2023. "

Avec la réforme, il va me manquer des trimestres. Vu ma situation, je vais être un an et demi sans aucun revenu.

Maryse Carn ancienne salariée de Doux et France Poultry

La précarité c'est une des grosses craintes dans le secteur. Si 55% des plus de 55 ans sont sans emploi en France, dans l'agroalimentaire c'est encore plus. Michel Le Bot, de la Fédération générale de l'agroalimentaire-CFDT en fait l'amer constat : "Tous ces salariés se retrouvent sur l'Assurance Maladie, le chômage, voire en grande difficulté financière quand il n'ont plus de drois.. Cela a une indidence sur leur niveau de retraite."

Delphine et Laurence, les deux ouvrières de Doux à Chateaulin, qui ont accepté de nous rencontrer, n'acceptent pas cette situation, qu'elles considèrent comme une double peine.

Pour le travail pénible comme le notre, il faut une reconnaissance. On sait qu'on risque de vivre 5 ans de moins que des salariés en bureau. On ne pourra même pas profiter de notre retraite.

Delphine, salariée chez France Poultry

Lundi 1er mai, ces ouvrières qui n'ont pas pu se permettre de faire grève jusqu'ici, iront manifester.

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