Retraites. Dans la manifestation, des femmes en colère contre une réforme “injuste”

“Nous sommes pénalisées pour avoir éduqué nos enfants” dans le cortège contre le recul de l’âge de départ en retraite à Rennes, ce 31 janvier 2023, les femmes ont dénoncé l’injustice d’une réforme “inégalitaire”.

“Ce n’est pas juste comme réforme” lance Simone Porcher, 40 ans, salariée dans l’agroalimentaire. Elle est venue manifester ce mardi 31 janvier 2023 à Rennes parce que “ce sont les femmes qui élèvent les enfants. Nous avons des carrières entrecoupées et nous allons encore le payer.”

"Une réforme qui pénalise les femmes"

La colère est forte. Selon un rapport, avec la réforme du gouvernement, les femmes devraient travailler en moyenne sept mois de plus, contre cinq pour les hommes. “C’est le sentiment d’injustice qui me pousse à manifester. Cette réforme n’est pas égalitaire entre les hommes et les femmes, cela pénalise encore les plus faibles.”

Simone travaille dans les bureaux, si elle est là, c’est par solidarité. “Je vais continuer de manifester pour mes collègues qui ont des métiers avec des horaires et des postures pénibles. Elles ne pourront pas tenir jusqu’à 64 ou 67 ans.”

Pour Sabrina Houelle, même sentiment de colère. “Avec mon métier d’auxiliaire à domicile, j’ai mal au dos, des tendinites. Je ne me vois pas faire ce métier jusqu’à 64 ans. C’est un métier difficile.” Si cette Bretonne de 42 ans manifeste aujourd'hui, c’est “pour être entendue par Emmanuel Macron”.

"Parceque l'on éduque nos enfants"  

Dans la foule de la manifestation à Rennes ce 31 janvier 2023, les femmes se font entendre et les slogans sont les mêmes. “Pendant le Covid, on a su trouver les femmes. L’hôpital est un monde féminin. Pareil pour le travail de nuit. S’occuper des enfants, ce sont les femmes et à la fin nous sommes pénalisées” s’indigne avec émotion Katia Merienne, aide soignante à l’hôpital de Fougères. 

Secrétaire syndicale à la CFDT, Katia a calculé que son départ à la retraite à taux plein ne se fera pas avant 65 ans. “J’ai eu deux enfants que j’ai élevés, cela m’empêche de partir plus tôt”.    

“Pour avoir éduqué nos enfants, nous sommes pénalisées” s’emporte Christele Roulier. “Cette réforme est clairement injuste”. Agent de propreté depuis 26 ans, Christelle à un parcours professionnel en pointillé pour avoir pris le temps de s’occuper de sa famille. 

“Nous sommes pénalisées dans nos salaires, nous le sommes aussi pour la retraite.” Elle qui travaille dans un secteur où la grande majorité des salariées sont des femmes à temps partiel, rappelle qu’avec trois enfants et son niveau de rémunération “ça sera très compliqué d’arrêter avant de travailler pour pouvoir payer les factures. Et la pénibilité dans mon travail, je connais” assure celle dont les horaires sont en décalées et qui nettoie les bâtiments et les cages d’escalier.

Les jeunes aussi 

Dans le cortège, derrière une banderole féministe des manifestantes chantent la fin du patriarcat. “Un demi-salaire, une demi-retraite, Non ! On veut une retraite décente.”

Pour Nora, 16 ans, lycéenne en première, “avec cette réforme, je ne pourrai jamais profiter de ma vie comme ça. Pour moi, cela s’apparente à de l’esclavage”. 

Pour Elisabeth Borne, le discours des manifestants est erroné. Sur le fait que les femmes sont les grandes perdantes de la réforme “j’ai entendu beaucoup d’inexactitudes” indique la Première ministre. Cette réforme “protège les femmes, notamment celles qui ont des carrières interrompues”.  Pour la cheffe du gouvernement, la réforme “protège les femmes qui ont des plus petits revenus tout au long de leur vie professionnelle et qui sont largement majoritaires dans celles qui ont la retraite minimale en revalorisant cette retraite minimale”. 

Pas certain que ce discours soit entendu pour les femmes, très présentes dans les défilés en Bretagne ce 31 janvier.

Benoit Thibaut avec Romuald Bonnant et Quentin Cézard.

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