Marée noire à l'Île Maurice : des experts antipollution brestois mobilisés

Embourbée dans une crise écologique sans précédent, l'Île Maurice a fait appel, la semaine dernière, à la France pour lui apporter son soutien. Ce lundi 10 août, deux experts brestois sont partis pour l'océan Indien tandis que le Cedre se prépare à une éventuelle intervention.

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Le temps presse : après la consternation face à la catastrophe écologique provoquée au large de l'Île Maurice par l'échouement du navire Wakashio, les autorités françaises se mobilisent pour venir en aide aux Mauriciens et limiter les dégâts. Ce lundi 10 août, deux spécialistes du Centre d'expertises pratiques de lutte antipollution (Ceppol) basé à Brest ont pris la direction de l'océan Indien où ils rejoindront le poste de commandement français.
  

Des experts chevronnés

À bord du Champlain, un navire de la marine française dépêché sur place samedi, la lieutenant de vaisseau et le chef du bureau technique du Ceppol auront pour mission d'apporter leur expertise aux forces déjà sur place, qui assureront la partie logistique. Concrètement, ils seront en charge de proposer des solutions pour extraire les nappes d'hydrocarbure.

Ce n'est pas la première fois que le binôme intervient sur une catastrophe de cette ampleur. Leur expérience a déjà été mise à profit en mars dernier lors du naufrage du Grande America dans le golfe de Gascogne. Quand, en octobre 2018, l'Ulysse était entré en collision avec le Virginia en Méditerrannée, c'était à nouveau eux qui avaient représenté le Ceppol, devenu une référence en la matière.
  

Le Cedre prêt à intervenir

Alors que le Wakashio menace de plus en plus de se briser en deux, il se pourrait que la situation empire et prolonge le séjour des spécialistes du Ceppol sur place. Depuis le 25 juillet dernier, date à laquelle le vraquier s'est échoué sur le récif de la pointe d'Esny, près de 1000 tonnes de fioul se sont déversées dans l'océan Indien. La dislocation du bâteau précipiterait les 3000 tonnes restantes dans cet espace maritime protégé.

Toujours à Brest, le Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre) se prépare à intervenir. "Nous avons un collègue prêt à partir et nos équipes ont rassemblé un maximum d'informations pour apporter une réponse rapide si nous sommes sollicités", explique Arnaud Guéna, adjoint au directeur du Cedre.
   

Un retour d'expérience bénéfique

En 40 ans d'activité, le centre brestois s'est imposé comme une référence française et internationale dans la lutte contre la pollution des eaux. Dans la crise écologique qui secoue actuellement l'Île Maurice, il pourrait assurer un rôle de tiers-expert entre l'assureur de l'armateur, en charge d'entreprendre le nettoyage du site, et les autorités mauriciennes.

Un nettoyage qui devrait être en partie assuré par l'entreprise Le Floch Dépollution, basée à Sainte-Sève, dans le Finistère, et engagée par la compagnie d'assurance. "On sait bien que l'assureur cherchera à maintenir les opérations à un coût raisonnable, développe Arnaud Guéna, mais les attentes des victimes de la pollution seront peut-être différentes."

Il s'agit d'une zone avec des enjeux environnementaux et touristiques et on peut s'attendre à ce que les autorités mauriciennes aient des exigences élevées. Mais nous ignorons si elles disposent d'experts à même d'intervenir.

Arnaud Guéna

Outre la volonté affirmée d'endiguer la catastrophe, le Cedre voit aussi dans son intervention potentielle la possibilité d'étendre ses connaissances à un nouveau milieu, ainsi que l'opportunité d'étudier le comportement d'un carburant auquel il n'a jamais été confronté. "C'est un accident qui, par bien des aspects, conclut l'adjoint au directeur du Cedre, serait un bon retour d'expérience pour nous."
 
Vendredi dernier, Pravind Jugnauth, le premier ministre mauricien avait appelé sur Twitter la France à lui apporter son aide, estimant ne pas avoir "les compétences et l'expertise pour le renflouage des navires échoués". Le lendemain, Emmanuel Macron affirmait le soutien de l'hexagone dans la gestion de crise et dépêchait un navire et un avion militaire sur place.
 
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