Aux jeux Olympiques 2024, la planche à voile va devenir volante avec les iQFoils. Partis avec un peu d'avance dans la discipline, les Français peinaient à la conserver aux Mondiaux qui s'achèvent samedi à Brest.
Toute la semaine, les courses se sont succédé dans la rade balayée d'un inhabituel vent de sud-est. Chacune a libéré une nuée de petites voiles rouges devant un public clairsemé sur place et de nombreux amateurs de sensations fortes réunis autour des directs sur internet.
Vendredi matin, avant la dernière journée de qualifications, les deux grands favoris, Nicolas Goyard et Hélène Noesmoen, tous deux champions du monde et d'Europe en titre, étaient déjà loin du compte.
Goyard a raté le coche dès la première journée mardi tandis que Noesmoen était 24e, alors que seuls les 10 premiers disputeront les finales samedi.
Chez les femmes, Lucie Belboech (12e) avait encore une chance. En revanche, les hommes comptaient Clément Bourgeois (3e), Louis Pignolet (8e) et Titouan Le Bosq (10e). Sans oublier deux médaillés olympiques en RSX, l'ancienne planche à dérive, en embuscade: Pierre Le Coq (bronze à Rio en 2016, 15e) et Thomas Goyard (grand frère de Nicolas et argent à Tokyo en 2021, 17e).
Samedi, une première course départagera ceux classés de la 4e à la 10e place. Les deux meilleurs affronteront ensuite les 2e et 3e. Et les deux meilleurs de cette course disputeront la victoire finale avec le leader du classement de la semaine.
Dépasser 30 noeuds
"Autant de Français dans les 20 premiers pour des championnats du monde d'une discipline olympique, c'est pas si mal", tempère François Jaouen, président du Pôle France de Brest. Même si aux Jeux, chaque pays qualifié ne pourra envoyer qu'un homme et une femme, qui n'auront pas le droit à l'erreur.
Nouveau support olympique depuis 2019, ces planches à voile feront leur apparition au programme en 2024. Avec leur foil, elles volent au-dessus de l'eau et peuvent dépasser 30 noeuds, soit deux fois plus que les planches RSX.
"C'est spectaculaire, ça va vite, ça vole. Ca rend vraiment visible la révolution technologique du foil", explique Thierry Postec, vice-président du Brest Bretagne Nautisme, organisateur des Mondiaux.
Régulièrement placée sur les podiums olympiques dans les anciennes catégories, la France n'a pas l'intention de rater le coche. Mais les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l'Italie ou encore Israël affichent aussi des ambitions.
Avec sa garantie d'envol et de vitesse, l'iQFoil réclame des qualités différentes du RSX. "Avant, il fallait de la finesse, de la tactique, être tonique... Maintenant, il faut arriver à contrôler et ne pas avoir peur", explique M. Postec.
Le morphotype des champions a changé. Les plus lourds parviennent mieux à maîtriser l'engin, surtout par gros vent. Désormais, les hommes approchent des 100 kg, les femmes des 80 kg.
[SG avec AFP]
Prises de poids
Sur les deux derniers médaillés olympiques français, Charline Picon (or à Rio, argent à Tokyo), 57 kg, est passée au 49er tandis que Thomas Goyard, qui pesait un peu plus de 80 kg à Tokyo, approche les 90 et vise 95 pour poursuivre en iQFoil.
Forcément, les champions ont changé de régime alimentaire, et passent beaucoup plus de temps à soulever de la fonte. Le Pôle France de Brest va devoir agrandir sa salle de musculation, relève M. Jaouen.
"Quand il y a du vent, le corps est soumis à un stress intense", explique Jack Marquarat, un Australien de 27 ans au physique de nageur, arrivé en compétition directement par l'iQFoil, qu'il pratiquait auparavant en amateur.
Pour lui, 40% de la réussite vient de la forme et de la force physiques, 40% de la tactique et 20% du matériel. Pour l'instant, l'idée est de faire courir tout le monde sur les mêmes planches aux JO-2024, mais cela pourrait évoluer.
Autre axe de progression : les manœuvres. Sous le vent, la plupart des coureurs parviennent à virer en l'air. Contre le vent, ils sont seulement 5%. Mais tout le monde s'entraîne d'arrache-pied et dans 6 mois, plus de la moitié y parviendra, assure Jack Marquarat.