PÊCHE. La Région Bretagne demande que l'aide au gazole des pêcheurs soit prolongée "sur le temps long"

Alors que les Assises de la pêche commencent ce jeudi 21 septembre à Nice, l'exécutif régional souhaite demander au gouvernement de prolonger la ristourne dont bénéficient les pêcheurs depuis mars 2022 et jusqu'au 15 octobre 2023. Daniel Cueff, vice-président en charge de la mer au Conseil régional, estime que les aides doivent être maintenues "le temps de décarboner la pêche".

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Les aides au gazole des pêcheurs, actuellement de 20 centimes (hors taxes) par litre, doivent prendre fin le 15 octobre prochain. Mais les professionnels multiplient les mises en garde : selon eux, leur entreprise ne pourra pas poursuivre son activité en payant le carburant au prix du marché. À bord, le coût du gazole représente près de la moitié du revenu de la pêche.

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600 litres et jusqu'à deux tonnes de gazole par jour

"L'équation financière n'est plus tenable" assure Christophe Colin, directeur de l'Armement bigouden.On a un cours du poisson qui est très bas, le gazole lui, est très haut, et le matériel de pêche coûte 30% plus cher qu'il y a un an" précise ce patron de neuf chalutiers hauturiers basés au Guilvinec, dans le Finistère. 

Chacun fait ses comptes : un chalutier de haute mer consomme près de deux tonnes de gazole par jour et un fileyeur avale 600 litres par jour.

Grégory Métayer, patron-pêcheur à Saint-Quai Portrieux et président du Comité des pêches des Côtes-d'Armor laisse ainsi l'un de ses deux bateaux à quai depuis le mois d'août, car "même actuellement, les aides ne sont pas suffisantes pour rendre viables nos bateaux de pêche". En ce moment, le litre de gazole des pêcheurs tourne autour de 95 centimes d'euros.

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"Ces aides ne peuvent pas être supprimées"

Au Conseil régional, les élus de la majorité prennent position : pas question de mettre en danger certains navires de pêche. "Ces aides ne peuvent pas être supprimées" répète Daniel Cueff, vice-président en charge de la mer et du littoral.

La majorité régionale a l'intention de demander au secrétaire d'État à la mer de maintenir les aides "sur le temps long", lors d'une rencontre prévue ce vendredi 22 septembre à Nice entre Hervé Berville et les régions de France, lors des Assises de la pêche.

Pourtant, le Secrétaire d'État a prévenu : "Nous avons atteint un montant qui est de 75 millions d'euros d'aide au carburant, nous ne pouvons pas prolonger ces aides car le régime européen qui les permettait s'arrête cette année. Ce n'est pas à l'État de se substituer tout le temps à la responsabilité de tous les acteurs de la filière".

Décarbonation lointaine

Et chacun de marteler : il faut décarboner la pêche. Mais sur le terrain, la filière est encore loin de cet objectif. Quelques dizaines de navires conçus plus légers et à moteur hybride, des barges ostréicoles bientôt électriques, mais aucun nouveau chalutier sorti des chantiers navals : ces bateaux restent très lourds, avec des moteurs très puissants et très gourmands. 

Début juillet 2023, la Région Bretagne a annoncé qu'elle aiderait au lancement de dix nouveaux navires décarbonés. Le premier est attendu dans trois ans. Le Conseil régional mise beaucoup sur l'hydrogène, conformément à sa "feuille de route hydrogène" adoptée il y a quatre ans. 

ll faut agir vite vers la décarbonation. Cette transition aurait dû commencer déjà il y a une vingtaine d'années

Daniel Cueff

Vice-président au Conseil régional en charge de la mer et du littoral

Mais nul ne peut dire quand l'hydrogène sera "rentable" (en fabriquer consomme pour l'heure énormément d'électricité), ni quand les conditions de sécurité seront suffisantes pour en embarquer à bord. Sur cette question, Daniel Cueff n'apporte pas de précisions. 

Payés "à la part"

En attendant, de nombreux marins pourraient finir par refuser d'embarquer. Payés "à la part", ils financent eux-mêmes une partie du carburant du bateau qui les emploie.

Résultat : lorsque la pêche est mauvaise, ils peuvent rentrer d'une campagne de pêche sans gagner d'argent. Accepteront-ils de continuer à travailler en payant, après le 15 octobre, 20 centimes d'euros par litre plus cher le plein du navire qui les embauche ?

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