Témoignage. "Ce n'est pas de la fragilité". Victime d'un burn-out, elle raconte ce "grand vide" qui l'a mise par terre

Publié le Écrit par Carole Collinet-Appéré
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Virginie a vécu un épuisement professionnel qui l'a stoppée net pendant cinq mois. Cette ancienne chargée de marketing dans une entreprise du Finistère a, comme elle le dit, mené "un combat intérieur" pour se relever. Une longue traversée teintée de culpabilité, d'un sentiment d'isolement et d'émotions à fleur de peau, dont elle parle sans tabou. Elle vient même d'ouvrir l'antenne finistérienne de l'association "Sortir de mon burn-out".

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Les jambes qui se dérobent. Le corps qui littéralement s'affaisse. Le regard que l'on tourne ailleurs quand les signes d'un épuisement professionnel se manifestent. Jusqu'au jour où le grand vide nous rattrape. Virginie Moulay a été victime d'un burn-out juste avant le premier confinement du printemps 2020.

Les prémices, elle les a ignorées. À chaque alerte, elle est retournée travailler. "C'est ma médecin généraliste qui m'a aidée à prendre conscience que quelque chose n'allait plus, raconte celle qui fut en charge du marketing pour une grosse entreprise de jardinerie dans le Finistère. Le déni, c'est un point commun chez les personnes en burn-out".

"De tout à rien"

Son corps et sa tête ont fini par se mettre totalement à l'arrêt. Virginie se retrouve au repos forcé pendant cinq mois. Elle qui revendique "une capacité de travail énorme" passe "de tout à rien", ainsi qu'elle le confie. "J'ai éprouvé de la culpabilité par rapport à mes collègues. Je me suis posé plein de questions, à commencer par pourquoi je n'arrivais pas à tenir. J'ai ressenti un isolement profond, malgré le soutien de mon conjoint et de ma médecin. J'avais l'impression de n'être pas comprise".

Elle se renseigne sur internet, lit des témoignages, se rend compte qu'elle est loin d'être seule dans cette situation. Selon le 12e baromètre d'Empreinte humaine, publié en novembre, 48 % des salariés en France sont en détresse psychologique, soit 4 points de plus qu'au mois de février. En 2022, 2,5 millions d'actifs étaient en situation de burn-out sévère.

"Cerveau en overdose"

Virginie croise également la route d'une association qui a vu le jour à Guidel, dans le Morbihan. Sortir de mon burn-out invite à des groupes de parole et déconstruit "les croyances" qui stigmatisent les personnes confrontées à un épuisement professionnel. "Comme, par exemple, dire que sombrer est un signe de faiblesse, note le cofondateur de l'association, Gaël Conan. C'est un discours d'un autre temps, culpabilisant, duquel il faut se détacher. Le burn-out reste un sujet tabou. Nous, nous avons décidé de le mettre sur la place publique".

Avant de songer à l'après, il s'agit d'abord de se reconstruire

Virginie Moulay

Cette jeune association ne disposait pas de relais dans le Finistère. Virginie s'est donc tout naturellement proposée pour ouvrir une antenne, à Saint-Urbain, près de Landerneau. Un premier atelier aura lieu ce 2 décembre sur le thème : "Comprendre mon burn-out". "Le but est de savoir reconnaître les signes précurseurs, ce qu'on appelle le burning, explique-t-elle. Les pertes de mémoire constantes, qui sont la marque d'un cerveau en overdose, les difficultés à gérer les émotions car il n'y a plus de carapace, le corps qui envoie des alarmes, sont autant de signes qui doivent nous alerter".

Virginie Moulay parle de combat intérieur car, dit-elle, "mon premier réflexe, quand j'ai été arrêtée, a été de réfléchir à ce que je voulais faire, pour remplir le vide et les petits vélos que je me faisais dans la tête, témoigne-t-elle. Alors qu'à ce moment-là, mon cerveau n'était absolument pas en mesure de prendre une décision, de savoir ce qui était bon pour moi et ce qui ne l'était pas. Avant de songer à l'après, il s'agit d'abord de se reconstruire".

Juste équilibre

Pas à pas, cette femme de 47 ans se relève. Elle opère un retour dans son entreprise à temps partiel. "Mais ma place n'était plus là, je le savais, relate-t-elle. J'avais perdu le sens de mon travail". Elle n'y restera que quelques mois. Elle devient formatrice en marketing, "avec une approche plus éthique et plus responsable".

Elle se forme aussi à à l'hypnose, au coaching et à la pratique des bilans de compétence pour accompagner les autres vers le bien-être, la confiance en soi et la transition de vie. "Je garde un pied dans mon ancien métier tout en aidant ceux qui ont en besoin" sourit celle qui a désormais trouvé un juste équilibre et redonné du sens à sa vie professionnelle.

Ne plus privilégier les impératifs des uns et des autres au détriment de sa santé physique et psychique

Virginie Moulay

Elle s'interroge toujours sur les mécanismes complexes de son burn-out. "Ce n'est pas de la fragilité, analyse Virginie. Ce n'est pas non plus seulement à cause de l'entreprise. C'est un ensemble de choses. Le chemin pour comprendre pourquoi je n'ai pas été capable d'imposer mes limites et de dire non pour moi n'a pas été simple. Ce que je peux affirmer aujourd'hui, c'est qu'il faut prendre soin de soi et ne plus privilégier les impératifs des uns et des autres au détriment de sa santé physique et psychique".

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