Le burn-out est une affection de plus en plus courante dans le milieu professionnel. Pour aider les salariés qui traversent cette épreuve psychologique, à ne pas confondre avec une dépression, une association a vu le jour dans le Morbihan à Guidel. Elle propose, en dehors de la prise en charge médicale, des groupes de parole, afin de trouver le bout du tunnel. Témoignages.
34 % des salariés français sont en situation de burn-out sévère, soit deux millions et demi d'actifs en 2022 selon une enquête menée par Empreinte humaine et Opinionway. Un chiffre en forte hausse ces dernières années.
Ce sujet encore assez tabou dans l'entreprise, pas officiellement inscrit au tableau des maladies professionnelles reconnues par la Sécurité sociale, touche toutes les couches de la hiérarchie, de l'employé au manager. Surmenage, quête de sens, stress intense, addiction au travail, le burn-out a été conceptualisé dans les années 1975 sous le terme de syndrome d'épuisement professionnel, ou, comment le travail n'est plus un accomplissement, mais une souffrance!
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Elodie Gourmez et Gaël Conan en connaissent tous les symptômes. Ils ont tous les deux sombré dans un burn-out professionnel. Lui était responsable maintenance et travaux dans une entreprise. Elle, conseillère dans des magasins bio. Ils se sont rencontrés par hasard, ont remonté lentement la pente, changé de travail et décidé ensemble de créer l'association « sortir de mon burn-out » : Un groupe de parole et d'échanges, qu'ils animent à tour de rôle, sur leur territoire, à Guidel, dans le Morbihan.
Quand le médecin diagnostique un burn-out, on est vraiment tout seul, on ne sait pas ce que c'est, ce n'est pas une dépression, c'est différent.
Elodie Gourmezassociation "Sortir de mon burn-out
La mer, à proximité, leur sert souvent de lieu de balade pour se ressourcer, relâcher la pression et se vider l'esprit, des petits rien essentiels, qu'ils ont appris à mettre en pratique. "Avec notre association, on est là pour donner des clefs aux gens, qu'ils comprennent ce qui leur arrive et comment pouvoir rebondir" explique Gaël. "Nous ne sommes ni médecin, ni thérapeute."
Ce jour-là, dans la salle municipale de la petite commune de Guidel, mise à disposition pour le groupe de parole, c'est Gaël qui propose son écoute bienveillante. Lui est désormais coach en développement personnel et professionnel. Il a sa méthode pour conduire la réflexion. Les sujets sont identifiés : le lâcher prise… les personnes toxiques … et ce samedi-là la culpabilité. Sur un tableau, devant un groupe de six personnes, il écrit des phrases, des concepts sur lesquels les participants vont rebondir pour pouvoir s'exprimer.
Dans ma culture, c'est mal de s'écouter, je culpabilisais face au travail et c'est là que mon corps à commencer à me donner des signaux que je n'ai pas voulu prendre en compte.
Sabrina
Épuisement émotionnel, peurs, troubles du sommeil, diminution de la concentration, les symptômes sont pourtant multiples. Le burn-out est ce que l'on appelle aussi le syndrome d'épuisement professionnel, souvent développé chez des personnes très, voire trop impliquées dans l'entreprise.
"On se sent indispensable"
Monica est encore très fragile. En pleurs, avec des gestes très nerveux, elle a le courage de se livrer au contact des autres.
J'ai arrêté de m'alimenter. En deux mois, j'ai perdu 8 kilos. C'est ma famille qui m'a dit de m'arrêter. Je me disais, c'est une mauvaise passe. Les autres y arrivent, pourquoi pas moi ? On se sent diminué, c'est dur à accepter.
Monica
Le sentiment d'échec … Gaël rebondit sur cette réflexion et rappelle au groupe, qu'il est mauvais de se sentir indispensable, que parfois les rouages de l'entreprise peuvent vous broyer. Au fil des échanges, on prend du recul. Il faut accepter de modifier ces comportements. "L'idée, c'est d'apporter des clefs pour que chacun puisse trouver, grâce à l'échange, des solutions et les mettre en pratique."
Connaitre ses limites et les exprimer
Christine, elle, a repris son activité dans le même poste, mais a changé son rapport au travail. "Il faut savoir dire stop, dire qu'on est à la limite de ses capacités et demander du renfort, dire qu'on est fatigué et ne pas hésiter à prendre des vacances. Il faut apprendre à exprimer ses besoins à la fois personnels et professionnels". Grâce à son propre vécu, Gaël, l'animateur, n'est pas étranger à la souffrance qu’exprime le groupe. C’est ce partage qui fait la différence.
"J'ai essayé plusieurs thérapies, l'hypnose et d'autres méthodes, mais j'ai commencé à remonter la pente quand j'ai rencontré l'association" explique Sabrina. "C'est là où j'ai pu vraiment déconstruire plein de croyances et reconstruire d'autres valeurs. J'ai peu à peu compris ce qui s'est passé et mis en place une autre façon de voir la vie."
Sabrina, autrefois ingénieur, est désormais dessinatrice. Elle affiche sur son visage et à travers son regard bleu intense, une sérénité retrouvée. À l'issue de la réunion, chacun inscrit un mot, une pensée, un sentiment, sur un papier et le détruit ensuite symboliquement pour se libérer. Un petit geste pour trouver le chemin de l'apaisement et de la guérison, comme Elodie, l'autre fondatrice de l'association. Elle aussi, dans son nouveau poste au sein d'une petite entreprise à taille humaine où elle est en contact avec la clientèle, nous confie avec un grand sourire n'être plus la même personne aujourd'hui.