À Brest, le Pôle social maritime est un lieu d'accueil pour les marins, qu'ils viennent de la pêche ou du commerce. Hélène Hostiou y travaille comme assistante sociale. Le film documentaire "Marins fragiles" nous donne à voir une partie de son quotidien et de celui de ses collègues auprès de cette population très souvent écorchée par la dureté physique et psychologique du métier. Entretien.
Situé à la jonction de la ville et du port de commerce, le Pôle social maritime de Brest ne passe pas inaperçu. Avec sa résille de béton et son vitrage rouge, il est une manière d'affirmer la présence des marins au cœur de la cité. Il est surtout un lieu de vie, d'accueil et de solidarité unique, au service des gens de mer.
"On tire un fil et on réalise que la situation est fragile"
Hélène Hostiou travaille dans ce bâtiment depuis trois ans, mais elle est assistante sociale depuis 17 ans. Après avoir commencé sa carrière à l'aide sociale à l'enfance puis à l'accompagnement des salariés au régime général en arrêt maladie, elle s'occupe désormais des marins, qu'ils viennent de la pêche ou du commerce. Elle a appris à connaître ces métiers, où les reconversions peuvent être complexes à gérer quand les marins sont "cassés" :
Au départ, beaucoup viennent pour tenter de résoudre des problèmes administratifs. On tire un fil et parfois, on réalise que la situation est fragile. La confiance s'acquiert au fur et à mesure."
Hélène Hostiou,assistante sociale au Pôle social maritime
Pour suivre les personnes en difficulté, Hélène Hostiou reçoit dans un premier temps les listes des marins pêcheurs ou marins de commerce en arrêt maladie directement par les armements ou par l'ENIM (le régime spécial de sécurité social des marins, NDLR). Elle suit actuellement plus de 300 dossiers par an. Dans certains cas, la situation nécessite un accompagnement plus poussé. L'assistante sociale peut alors se déplacer à domicile : "Les métiers de la mer sont très éprouvants physiquement. À la pêche, la notion de dangerosité est importante. Et puis ces dernières années, avec les plans de casse des bateaux et la hausse du prix du gazole, les marins sont psychologiquement fragilisés et leur situation évolue très vite".
En étant basé à Brest, Hélène prend en charge également de nombreux marins enrôlés à la Brittany Ferries ou dans d'autres structures de marine marchande : "Travailler sur un bateau, en mer, c'est physiquement plus dur que dans beaucoup d'autres métiers. Mais paradoxalement, les navigants ont du mal à projeter une reconversion à terre. Ce sont bien souvent des métiers passion".
Un film documentaire à "hauteur d'homme"
Le documentaire du réalisateur Pierre-François Lebrun "Marins fragiles" raconte, à hauteur d'homme, des tranches de vie glanées dans le quotidien d'Hélène et de ses collègues du service social maritime. Il s'intéresse aussi à d'autres associations qui occupent le Pôle maritime de Brest comme la Touline (spécialisé dans la recherche d'emploi maritime) et le Seamen's club. Des histoires de marins au commerce ou à la pêche, français, bretons, mais aussi malgaches ou philippins qui se croisent sans se connaître, mais partagent un même point de ralliement : le Pôle social maritime de Brest.
Il existe en France 80 services sociaux maritimes répartis sur le littoral et dans les territoires d'outre-mer. Environ 8500 marins sont accompagnés chaque année.
Le documentaire "Marins fragiles" nous offre quelques portraits croisés de ces marins, mais aussi de celles et ceux qui les accompagnent et les soutiennent.
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(Adélaïde Castier avec Pierre-François Lebrun)
