La colère gronde parmi les producteurs de lait : le géant de l'industrie laitière Lactalis a unilatéralement imposé à ses producteurs un prix du lait de 405 € pour 1000 litres pour le mois de janvier. Largement inférieur au prix de revient, selon les producteurs. La filière prépare une mobilisation dans les jours ou les semaines à venir.
"On pensait que ça aurait été mieux cette année" : le découragement pointe dans la voix de Gilbert Le Goff. Sur son exploitation de Le Cloître-Pleyben (Finistère), il a produit en 2023 1,4 millions de litres de lait. Mais en ce début d'année 2024, le vice-président de la section lait du syndicat agricole FDSEA 29 est très loin d'être optimiste.
405 euros les mille litres de lait pour janvier 2024
Et pour cause, 2024 ne se profile pas sous les meilleurs auspices. Lactalis, le premier transformateur français, a décidé de négocier à la baisse le prix d'achat des 1 000 litres de lait. "Lactalis ne veut pas payer 440 euros et se borne à vouloir payer 405 euros les mille litres, ce qui est largement inférieur à ce qu’on demande", martèle Gilbert Le Goff.
D'autres acteurs du secteur, comme la Sodial, mettent en place des prix plus favorables aux éleveurs. Dans un communiqué, la Sodial annonce avoir "décidé de fixer pour janvier et février 2024 un prix de base du lait conventionnel à 440€ les mille litres", suite à une décision de son conseil d'administration en date du 30 novembre 2023.
Une filière lait menacée
Problème : Lactalis, leader du secteur, "s’il donne une impulsion négative, c’est toute la filière qui en pâtira", selon Gilbert Le Goff. "Ces 405 euros, c'est le prix le plus bas pour Lactalis. Ils peuvent payer le même prix que leurs concurrents sur le terrain. Le géant a les moyens de payer."
Lactalis a décidé unilatéralement de fixer un prix du lait à 405 euros, sans concertation avec les organisations de producteurs.
Gilbert Le GoffVice-Président de la section lait à la FDSEA 29
Au niveau national, la Fédération nationale des producteurs de lait demande "l'application stricte de la loi Egalim pour tous." Et ajoute : "l'indicateur prix de revient du Centre national interprofessionnel de l'économie laitière affiche une hausse de 7%, la FNPL ne relâchera pas la pression pour préserver les marges des producteurs, si tant est qu'il en reste."
Selon le ministère de l'Agriculture, "la loi du 18 octobre 2021 visant à protéger la rémunération des agriculteurs (EGALIM 2) permet de mieux tenir compte des coûts de production des agriculteurs grâce notamment à la prise en compte d'indicateurs de coûts et de prix et le jeu des clauses de révision automatique du prix."
Pour Gilbert Le Goff, la rémunération des producteurs devrait être remise au centre des débats et appelle à une action du "Premier ministre pour faire revenir Lactalis à la raison. 440 euros, ce ne serait vraiment pas trop dans le moment qu’on vit. Ça couvrirait les charges, et encore. Nous subissons encore l'inflation. La rémunération des producteurs, on n’en parle pas trop."
Il faut rémunérer les producteurs à la juste valeur du temps passé.
Gilbert Le GoffVice-président de la section lait à la FDSEA 29
Dans un communiqué, Lactalis affirme que les négociations continuent pour parvenir à fixer un prix juste pour les producteurs et pour les consommateurs. Les producteurs, quant à eux, prévoient de se mobiliser dans les prochaines semaines. Sinon, l'avenir de la filière lait pourrait être menacé selon le vice-président de la section lait à la FDSEA 29 : "On veut un prix juste du lait et une pérennité de la filière lait. Les jeunes ne s’installent plus, certains agriculteurs arrêtent de produire. On assiste à une déprise de la production du lait, sur le territoire et partout en France."
Lauryane Arzel avec Catherine Aubaile.