Le service de réanimation de l’hôpital d’instruction des armées Clermont Tonnerre, à Brest, a accueilli dimanche 5 avril en fin de journée deux nouveaux patients atteints du Covid-19, hospitalisés auparavant à Paris. Nous avons vécu leur arrivée avec les équipes du service.
A bord des deux ambulances qui franchissent l’entrée de l’hôpital d’instruction des armées de Brest, ce dimanche soir, deux patients, partis de Paris en fin de matinée. Avec eux, une équipe de médecins et de personnels soignants de l’hôpital, dont deux infirmiers-anesthésistes et un médecin qui ont, pour la deuxième fois cette semaine, fait le déplacement jusqu’à Paris.
"Les patients qui arrivent ici ont été jugés assez stables pour voyager par le Samu de Paris, raconte le Major Jacques-Antoine, un de ces infirmiers-anesthésistes à sa sortie de l'ambulance. Tout au long du voyage, ils sont sous surveillance, pour mesurer leur tension, leur pouls, la saturation. Ils ont aussi un respirateur pour nous permettre de les ventiler et des seringues électriques qui vont permettre d'endormir le patient durant le transport."
Une forte présence humaine
Mercredi 1er avril, six patients âgés de 40 à 80 ans, avaient déjà été accueillis au sein de l’établissement militaire qui a dédié l’un de ses services de réanimation aux malades du Covid-19. Depuis 4 jours, une équipe très conséquente se relaie donc auprès de ces malades qui requièrent une attention de tous les instants.
"Il faut beaucoup de personnel pour s’occuper de ces malades, explique le médecin-chef Christophe, coordinateur des soins critiques au sein de l'hôpital. Nous les manipulons beaucoup parce qu’ils respirent mieux s’ils sont allongés sur le ventre mais ils doivent être sur le dos pour que nous puissions pratiquer les soins."
Sur les patients arrivés en milieu de semaine, deux ont déjà pu être désintubés, et n’ont plus besoin de ce tuyau dans la trachée pour respirer. "Ils ne sont pas sortis de réanimation mais c’est plutôt bon signe", souligne Philippe, médecin-anesthésiste. Une grande entreprise de télécom a offert au service cinq tablettes tactiles, pour permettre aux malades de communiquer avec leurs familles restées en région parisienne quand ils sortiront du coma.
Des malades isolés des autres services
Au total, ce service de réanimation compte 10 lits où ne seront accueillis, tant que l’épidémie durera, que des malades du nouveau coronavirus venu de Chine. Pas question de mettre d’autres patients dans ce service où les mesures de protection sont bien plus contraignantes que d’habitude.
Au sein du service, la présence de Maryline, infirmière de soins généraux, rassure les équipes. En 2015, elle a passé trois mois et demi à soigner des malades du virus Ebola à Conakry, en Guinée."L'ensemble du service est considéré comme contaminé donc des précautions différentes sont prises pour l'intérieur et pour l'extérieur. A l'intérieur on protège surtout les soignants, qui eux sont censés rester non-contaminés, avec toutes les mesures habituelles", précise le médecin-principal Philippe.
"On est plus serein parce qu'on a vécu Ebola qui était quand même hautement contagieux. Ça donne un peu de sérénité à nos collègues, ça prouve que quand on applique les procédures ça se passe bien. Ce qu'on y a appris, c'est à bien se déshabiller. Quand on sort d'une chambre par exemple, on ne ressort pas avec son tablier et ses gants."
Ce dimanche 5 avril, deux trains médicalisés ont permis de déplacer vers la Bretagne 41 patients atteints du Covid-19. Le train qui est arrivé en gare de Brest peu avant 18h avait auparavant déposé des malades et leurs équipes d’accompagnement à Rennes puis à Morlaix.
C’est le deuxième convoi de patients à quitter la gare d’Austerlitz vers la Bretagne pour soulager les hôpitaux parisiens. Un premier voyage avait eu lieu mercredi 1er avril.