La tempête Ciaran a arraché un bout de toit de la maison de famille d'Yvonne Guivarc'h. À 94 ans, elle espère pouvoir un jour revenir y vivre, mais le chantier est au point mort : il n'y a pas assez d'artisans sur la presqu'île de Crozon. Témoignage.
"Dans deux jours, ça fera un an et rien n'a bougé..." Yvonne Guivarc'h revient de temps en temps voir sa maison sur la presqu'île de Crozon dans le Finistère. Il y a presque un an, une partie du toit s'était envolée lors du passage de la tempête Ciaran. Dans le jardin, d'énormes morceaux de bois jonchent le sol : "C'est le toit, un quart du toit !"
C'est une maison de famille. Ce sont mes parents qui l'ont construite il y a 92 ans. Je l'ai toujours habitée. Toujours.
Yvonne94 ans
Yvonne a 94 ans. Elle est très attachée à cette maison qui a quasiment son âge. "C'est une maison de famille, explique-t-elle. Ce sont mes parents qui l'ont construite il y a 92 ans. Je l'ai toujours habitée. Toujours."
Yvonne est partie à Camaret une partie de la guerre et a "travaillé à Paris un peu". Mais elle est toujours revenue ici, dans sa maison. "Toutes les fêtes de famille se passaient là-dedans, c'était bien !"
L'heure n'est plus à la fête. La bâche provisoire, posée sur le toit, ne suffit pas à empêcher l'eau de s'infiltrer. Il faudrait reprendre toute la structure. Mais trouver les artisans sur la presqu'île s'avère complexe. "On n’a pas trouvé les ouvriers, précise Yvonne. En théorie, on devrait être en travaux mais il n'y a pas de charpentier."
"C'est dur et ça fait un an"
"Au début, je me disais que je serais dedans pour Pâques, mais Pâques est passé... C'est dur et ça fait un an. Je trouve ça dur de voir la maison s'abîmer. Je me demande si un jour je pourrai retourner dans cette maison. Il y a beaucoup d'escaliers et je suis de moins en moins valide."
Le 3 novembre 2023, au lendemain de la tempête, la nonagénaire a pu trouver, grâce à l'aide de Claire Denis son aide-ménagère, un gîte pour se loger pas trop loin de chez elle.
Depuis, la jeune femme l'accompagne dans ses démarches qui ressemblent, pour une personne âgée habitant sur une presqu'île, à un véritable parcours numérique du combattant. Les démarches se font essentiellement par mail avec l'assureur et l'expert.
"C'est compliqué un sinistre"
"C'est compliqué un sinistre, développe Claire Denis. Dans les relations entre le client, l'assureur, l'expert. Qui interroger ? Qui doit faire quoi ? Se dépêtrer de tout cela, ce n'est pas évident. On aimerait qu'elle soit plus épaulée. Un peu d'humain dans les relations serait bienvenu... le numérique ne fait pas tout."
Yvonne n'a appris que récemment l'annulation du chantier pour cause d'absence de charpentier. Avec Claire, elles ont déployé de gros efforts pour relancer l'assurance et l'expert. Aux dernières nouvelles, un maître d'œuvre a été contacté par l'expert. Une lueur d'espoir.
(Avec Florence Malésieux)