Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2023, la tempête Ciaran causait d'énormes dégâts en Bretagne et en Normandie, avec des vents record jusqu'à 207 km/h sur la pointe du Raz (Finistère), des milliers d'arbres arrachés, des exploitations agricoles endommagées et un réseau électrique endommagé, privant jusqu'à 1,2 million de foyers de courant.
"J'avais dit à la personne de permanence : tu m'appelles dès qu'on dépasse 200.000 clients" privés d'électricité, se souvient Hervé Champenois, directeur technique d'Enedis. "Honnêtement, je ne croyais pas plus que ça qu'il m'appellerait".
Hervé Champenois a bien été réveillé à 3h du matin et pas moins de... 1,2 million de foyers ont été privés de courant le 2 novembre au matin, principalement dans le Finistère, la Manche et les Côtes-d'Armor.
"En termes de matériel qui a cédé (...) on a eu une intensité sans précédent de la puissance de la tempête", souligne le responsable d'Enedis, qui doit remonter à la tempête Lothar de 1999 pour se retrouver de tels dommages.
Après la tempête, le distributeur d'électricité a dû mobiliser 3.400 agents et acheminer 8.000 poteaux et 750 tonnes de matériel pour rétablir le réseau.
Pire qu'en 1987
Selon Météo France, Ciaran était en effet comparable à la tempête Lothar de 1999 en termes d'intensité et de force du vent, mais son étendue géographique était "bien moindre".
En Bretagne, Ciaran s'est même avérée être "la tempête la plus sévère depuis "l'ouragan de 1987", avec des vents qui ont dépassé ceux de 1987 sur le Nord du Finistère et le littoral des Côtes-d'Armor.
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À Brest, où un record absolu de vent a été enregistré (155 km/h), la mairie a accusé 9 millions d'euros de dégâts, avec une centaine de bâtiments publics touchés, dont une dizaine d'écoles. Un millier d'arbres ont dû être abattus et "on en abat encore", précise la ville.
Des forêts défigurées
Dans les forêts publiques gérées par l'Office nationale des forêts (ONF), les arbres abattus se comptent en centaines de milliers. "On a estimé les dégâts à 110.000 m³ de chablis", soit entre 100.000 et 200.000 arbres arrachés ou tombés au sol, explique Marie Dubois, directrice de l'ONF Bretagne.
"Notre ligne de conduite a été de valoriser au mieux, localement, le bois qui est tombé", précise-t-elle, soulignant que 91.000 m³ avaient d'ores et déjà été vendus sous forme de bois d'œuvre ou de bois de chauffage.
"On va laisser la forêt repartir d'elle-même dans 75% des cas", ajoute-t-elle. En Normandie, 460 hectares de forêts publiques ont été touchées, représentant 59.000 m³ de bois à terre, selon l'ONF.
Des exploitations agricoles dévastées
Ciaran a en outre occasionné de nombreux dommages agricoles : 715 agriculteurs ont ainsi déposé des demandes d'aide en Bretagne, dont près de 600 ont été acceptées, selon la Chambre d'agriculture.
Intense, la tempête a aussi eu des conséquences durables. Les agents d'Enedis ont ainsi dû travailler jusqu'au 21 novembre avant de rétablir le dernier client privé d'électricité. Et les travaux de consolidation du réseau ont duré jusqu'en mars.
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Enedis a en outre lancé un projet baptisé "Reconstruction Bretagne" pour renforcer 2.000 km de lignes sur les cinq prochaines années.
Au total, les tempêtes Ciaran et Domingos ont occasionné 517.000 sinistres pour un coût de 1,6 milliard d'euros, selon France Assureurs.