Près de dix jours après le passage de la tempête Ciaran, plus de 20 000 foyers restent toujours privés d'électricité en Bretagne dont près de 17 000 dans le Finistère. Solidarité et système D sont de mise dans ce département. Mais certains sinistrés commencent à perdre patience.
Avec sa compagne et leur fillette de sept ans, Cédric Thomas vient de passer les quatre dernières nuits dans des chambres d'hôtel ou des locations meublées de tourisme : "On a passé toute la semaine à chercher un logement, mais on doit bouger tous les jours, se désole le Quimpérois. Avec les agents Enedis en déplacement, les hôtels de la ville sont souvent complets." À tel point que la famille a dû rentrer chez elle pour passer la nuit du mardi 7 au mercredi 8 novembre, "une nuit à 13 °C, c'était horrible !"
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Lorsque l'électricité est coupée chez lui, ce jeudi 2 novembre à 2 h du matin, au plus fort de la tempête Ciaran, ce père de famille est loin d'imaginer que l'incident va durer plus d'une semaine. "Et on vient de nous dire que le courant ne devrait pas être rétabli avant au moins deux semaines ! "
Chaque nuit à l'hôtel lui coûte en moyenne 150 €. En attendant d'être remboursé par son assurance "dans quatre à six semaines", Cédric creuse son découvert bancaire.
Ses voisins n'ont plus l'électricité non plus. Eux se sont installés chez des proches à Concarneau en attendant que le courant revienne. Leur fils de six ans ne peut pas retourner dans son école quimpéroise.
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En tout, ils sont deux foyers sans électricité dans un petit quartier qui compte huit maisons. "On n'a vu aucune équipe Enedis dans notre secteur depuis plusieurs jours", s'agace ce père de famille.
"Lorsqu'on contacte Enedis, on nous dit qu'on n'est pas les seuls, qu'on n'est pas les pires. Hier, on m'a dit qu'un technicien allait passer, on ne l'a jamais vu. La mairie ne nous propose aucune solution. Je les ai menacés de me raccorder moi-même à un autre poteau électrique. On a été patients au début mais là, on n'en peut plus."
Cédric ThomasQuimpérois sans électricité
À Pont-Aven, depuis le passage de la tempête, Pierre et Maryvonne, 78 ans, sont, eux aussi, sans électricité et donc sans téléphone, sans chauffage, sans téléalarme et donc sans assistance en cas de chute. La plaque de cuisson au gaz leur permet de boire et de manger chaud. Leur famille vit en région parisienne et ne peut pas les aider au quotidien.
Un couple de septuagénaire oublié
Ce dimanche 5 novembre, c'est Sabrina Cartelle, leur infirmière à domicile qui leur a prêté un groupe électrogène qu'elle vient réalimenter chaque jour. Mais cinq jours plus tard, l'appareil tombe en panne. "J'ai appelé Enedis pour avoir de l'aide et obtenir un groupe électrogène, raconte Sabrina. Mais alors que la mairie était prévenue depuis plusieurs jours, l'agent au bout du fil m'a indiqué qu'il n'y avait pas de dossier ouvert pour eux."
L'entreprise finit par prêter un nouveau groupe électrogène au couple. "Mais il a fallu attendre 24 h pour qu'un agent municipal ne vienne le rallumer, après les cérémonies de commémorations du 11-Novembre", tempête l'infirmière.
"C'est trop ! Je sais que les agents Enedis font ce qu'ils peuvent, mais je suis en colère parce qu'on doit se débrouiller tout seul. Personne ne nous aide !"
Sabrina Cartelle
Trois autres personnes âgées vivant dans le même quartier sont, elles aussi, privées d'électricité.
Une semaine dans l'obscurité
À Guipavas, près de Brest, Marc Blanchard n'a pas pu ouvrir ses volets électriques pendant plus d'une semaine. Seule la télévision et une petite lampe de chevet éclairent son salon. Elles sont alimentées grâce à la rallonge que son voisin lui a proposé de brancher chez lui. Car Marc et sa voisine sont les deux seuls foyers à ne pas avoir de courant sur une vingtaine de logements que compte cette rue du centre-ville.
Alors qu'il est atteint d'une maladie grave, la situation commence à peser sur le moral de Marc.
Ce jeudi 9 novembre, Marc Blanchard a finalement été dépanné après que le service communication d'Enedis ait été sollicité.