1200 euros d'amende, c'est la peine prononcée par le tribunal correctionnel de Brest à l'encontre de la jeune femme qui avait provoqué une chute spectaculaire lors de la première étape du Tour de France en brandissant une pancarte au bord de la route.
Une décision inédite, et symbolique
C'était la première fois que les syndicats de coureurs se portaient partie civile dans une affaire de ce type, et la décision rendue ce jeudi 9 décembre répond à leur objectif : au-delà de la sanction, faire de la prévention pour éviter que ce type de faits ne se reproduise.
"L'important, c'est que l'infraction soit reconnue" commente l'avocat de l'UNCP (union nationale des cyclistes professionnels) et l'organisation internationale Cyclistes professionnels associés (CPA) qui ne demandaient qu'une indemnité symbolique d'un euro, disant vouloir uniquement attirer l'attention du public sur la nécessité d'adopter "une attitude responsable et respectueuse envers les coureurs".
Une chute spectaculaire très médiatisée
L'image avait circulé sur toutes les télévisions et les réseaux sociaux.
Celle d'une femme provoquant une chute spectaculaire sur la première étape de la grande boucle en tendant au bord de la route de Sizun, à 45 km de l'arrivée, un carton où était inscrit "Allez Opi Omi ", un message pour sa famille.
Une cinquantaine de coureurs étaient tombés, "certains ont été contraints à l'abandon en raison de blessures corporelles graves" avait alors regretté l'organisation internationale Cyclistes professionnels associés.
Quatre mois de prison avec sursis étaient requis
En fuite après les faits, la spectatrice s'était rendue à la gendarmerie de Landerneau quatre jours après, alors qu'un appel à témoin avait été lancé.
Poursuivie pour "mise en danger d'autrui" et "blessures involontaires" ayant entraîné une incapacité de travail "n'excédant pas 3 mois", elle avait comparu le 14 octobre dernier devant le tribunal correctionnel de Brest et encourait jusqu'à 15.000 euros d'amende et une peine d'un an emprisonnement.
La substitute au procureur Solenn Briand avait requis une peine de quatre mois de prison avec sursis, soulignant que la prévenue, âgée de 31 ans, avait reconnu "la dangerosité de son comportement" et "présenté des regrets".
Désormais les procédures seront systématiques
On est là pour que les coureurs restent sur leur vélo
Romuald Palao, avocat des syndicats de coureurs
Confortés dans leur action en justice par cette décision du tribunal correctionnel de Brest, les syndicats de coureurs "engageront désormais systématiquement des procédures en cas de comportement inadapté ayant des conséquences sur la course" assure leur avocat Romuald Palao.
"L'important c'est que les gens entendent que lorsqu'on se comporte mal sur le bord des routes du Tour de France ou d'autres courses, on encourt un passage devant le tribunal correctionnel et une sanction adéquate" poursuit-il.
"Cette fois les coureurs n'ont pas souhaité engager de procédures individuelles ni de se constituer partie civile, mais le jour où ils décideront de le faire, les sanctions pourraient être beaucoup plus lourdes pour les auteurs des faits" prévient l'avocat.
Sur le Tour de France 1975, le coureur Eddy Merckx avait reçu un coup de poing dans le foie de la part d'un spectateur, qui avait écopé d'une peine d'un an de prison avec sursis, et deux ans sans assister à une course cycliste.