Transports scolaires. "Ça va coincer à la rentrée". Pourquoi la Bretagne est-elle confrontée à une pénurie de conducteurs de car

La Bretagne est l'une des régions françaises les plus touchées par la pénurie de conducteurs de car. La Fédération nationale des transports de voyageurs a fait le calcul : il en manque 555 sur le territoire breton. Une situation qui aura forcément des incidences sur l'organisation des transports scolaires à la rentrée. Explications.

"A la rentrée, ça va coincer". Le délégué régional de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) ne tourne pas autour du pot quand on l'interroge sur la pénurie de conducteurs de car. Alors, certes, le problème n'est pas nouveau et touche l'ensemble des régions françaises, mais il n'a jamais été aussi important en Bretagne. "Il manque 555 conducteurs, indique Olivier Gougeon. La tension est profonde et cela va forcément avoir des incidences sur le transport scolaire".

Mieux rémunérer les conducteurs

Les parents d'élèves vont-ils devoir assurer eux-mêmes le trajet de leurs enfants jusqu'à l'école dans certains secteurs, comme ce fut le cas durant la dernière année scolaire ? La Région Bretagne, en charge des transports scolaires et interurbains depuis 2017, a bien tenté de pallier les difficultés en "offrant un service, certes dégradé, à un maximum d'élèves et de familles, dit-elle dans un communiqué, mais ce n'est pas acceptable que la continuité du service public de transport ait pu ainsi être rompue".

Face à ces constats, la Région et la FNTV se sont assises autour de la même table pour "trouver des solutions durables" qui ont abouti, en juin, à la création d'une charte, visant à mieux rémunérer les conducteurs et à rendre "plus attractif" un métier délaissé depuis la crise sanitaire liée au Covid-19. 

Le conducteur à contrat scolaire assure deux vacations par jour : l'une, tôt le matin et l'autre, en fin d'après-midi, pour un salaire moyen de 450 euros par mois. La charte entre la FNTV et la Région prévoit de "valoriser la période d'inactivité des conducteurs" dans la journée via une indemnité compensatrice pouvant aller jusqu'à 150 euros brut par mois. Le texte valide également la mise en place, par les entreprises de transports, d'un 13e mois dès l'embauche. 

Du 2 en 1

Chez Océlorn, réseau de transports implanté dans le Finistère et les Côtes-d'Armor, il manque une bonne vingtaine de conducteurs. Avec 470 cars qui emmènent, chaque jour, 10.000 élèves au collège et au lycée, l'entreprise est parfois contrainte "de resserrer certains de ses services", en particulier dans le sud-Finistère où la pénurie de conducteurs est plus forte. "On fait du 2 en 1, en quelque sorte. On va dévier un véhicule de son trajet habituel pour qu'il aille chercher les élèves à différents points de regroupements, précise Alain Roué, le patron d'Océlorn. Et si on n'a pas la capacité d'assurer le transport, parce qu'un conducteur est absent et que l'on ne peut pas le remplacer, on annule le ramassage. On n'a pas le choix".

Dans cette entreprise, le transport scolaire représente 75 % du chiffre d'affaires. Alain Roué, qui préside aussi la FNTV Bretagne, salue la volonté de la Région de revaloriser la profession. "On espère que d'autres collectivités, qui organisent du transport sur leur territoire, s'engageront dans cette démarche"

Conditions de travail

La pénurie de conducteurs de car s'est amplifiée lentement mais sûrement ces vingt dernières années. La pyramide des âges est élevée dans la profession, les départs en retraite laissent de nombreux postes vacants. La crise sanitaire n'a rien arrangé non plus. Fermeture des établissements scolaires, chômage partiel, etc. Certains conducteurs ont décidé de changer de métier et trouvé des conditions de travail plus en phase avec leur vie personnelle. 

"Avant la crise sanitaire, on pouvait avoir entre 30 et 50 candidats lors des sessions de recrutement avec Pôle Emploi. Aujourd'hui, on en a 6 voire 7, pas plus" observe Olivier Gougeon. Le délégué régional de la FNTV évoque des pistes de réflexion, comme le bi-emploi, pour inverser la courbe. "Le transport scolaire, c'est du temps partiel, dit-il. Cela peut venir en complément d'une autre activité"

Le casse-tête de la rentrée

Reste que les candidats ne se bousculent pas au portillon et que la rentrée, elle, arrive à grands pas.  Avec 555 conducteurs de car en moins sur le territoire breton, l'organisation du transport scolaire va, une fois encore cette année, ressembler à un casse-tête. "Combien même nous avons un déficit de conducteurs, nous avons pris un certain nombre de mesures pour que cette rentrée se passe bien, remarque Michaël Quernez, vice-président de la Région Bretagne chargé des mobilités. On y verra plus clair fin août quand toutes les inscriptions des élèves seront bouclées".

L'élu se veut rassurant et dit que "toutes les solutions sont étudiées". Y compris le TER quand le car fait défaut. En Bretagne, plus de 100.000 collégiens et lycéens utilisent les transports scolaires. 2.500 cars sont sur les routes chaque jour et assurent le ramassage dans 1.000 communes.

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