La rentrée se prépare déjà dans les transports scolaires bretons. Outre le casse-tête pour trouver des conducteurs dont la pénurie est problématique, les équipes doivent analyser les nouvelles demandes d'arrêt, avec des critères bien précis à respecter.
A la centrale d'appels du réseau de transport public Breizhgo, c'est le rush des inscriptions : 3000 appels d'utilisateurs sont recensés chaque semaine depuis la fin mai. Ce sera 3000 par jour, la semaine de la rentrée.
Une rentrée qui se prépare aussi sur le terrain. Ludovic Thouvenin, contrôleur des transports à la Région Bretagne, fait les cent pas sur une route communale. Il vient étudier à Pancé, en Ille-et-Vilaine, l'une des 350 demandes de nouvel arrêt de car scolaire formulées chaque année par les familles à l'antenne des transports de Rennes.
Au moins 500 mètres entre deux arrêts
Smartphone en main, il prend des photos sous tous les angles, scrute son plan pour évaluer la faisabilité de cette demande. "Il y a certaines conditions pour qu'un nouvel arrêt soit installé. Par exemple, un critère de distance d'au moins 500 mètres entre deux arrêts. Il existe également bien entendu des exigences de sécurité à la descente et la montée des élèves et puis également un critère de temps de transport, le trajet total ne devant pas excéder 45 minutes", explique Ludovic Thouvenin.
la descente des élèves s'effectuerait dans le fossé, ce qui n'est quand même pas l'idéal
Ludovic Thouvenin, contrôleur des transports à la Région Bretagne
Et il n'est pas toujours facile d'expliquer aux parents que là, ça ne va pas être possible. Certains ne comprennent pas. Pourtant, là, c'est assez clair. "Ici, on a un virage qui est quand même particulièrement proche de l'endroit où est demandé l'arrêt, ce qui peut présenter un risque si l'on a une voiture qui arrive avec une vitesse excessive. Et d'autre part, la descente des élèves s'effectuerait dans le fossé, ce qui n'est quand même pas l'idéal ! Enfin, on a déjà un arrêt à 750 mètres, donc c'est une distance qui est relativement faible", conclut Ludovic Thouvenin.
Un quart des demandes satisfaites
Un quart seulement de ces demandes de nouvel arrêt recevront un avis favorable. Dans les autres cas, c'est un arrêt de regroupement qui sera aménagé sur un arrêt existant et sécurisé au maximum.
La Région, en tant qu'autorité organisatrice des transports subventionne les aménagements des arrêts de car scolaire et elle investit pour qu'un nombre croissant d'arrêts permettent aux cars de stationner en dehors de la voie de circulation. C'est le niveau de service optimal.
Il manque plus de 500 conducteurs en Bretagne
Dans la préparation de cette rentrée, seul hic et pas des moindres, il manque plus de 500 conducteurs pour les 2500 cars scolaires du réseau qui, chaque jour, parcourent 160.000 km et desservent 25.000 arrêts dans 1000 communes bretonnes.
Temps partiels et bas salaires
Un service public essentiel qui rencontre un vrai souci d'attractivité à l'échelle nationale. Temps partiels et bas salaires expliquent cette pénurie, selon Philippe Vigneron, conducteur de car scolaire : "On ne peut pas en vivre. Moi j'ai déjà une retraite donc c'est un complément, mais sinon ce sont des horaires assez atypiques avec une coupure dans la journée de 8h à 16h, donc il faut pouvoir combler ça avec un autre emploi dans ce laps de temps, ce qui n'est pas forcément évident".
Une prime de 150 euros par mois
Pour tenter de remédier à cette pénurie problématique, la Région Bretagne et la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs ont décidé de verser une prime de 150 euros bruts par mois aux conducteurs de cars scolaires nouvellement recrutés et à ceux déjà en place.
Formations rémunérées et permis D payé par la Région
Selon le Président de Région, Loïg Chesnais-Girard, "cette indemnité d'attractivité était indispensable car le transport scolaire est justement un service public indispensable. C'est un soutien de la Région Bretagne de 10 millions d'euros sur 3 ans. Sans compter les formations de conducteurs rémunérées, financées elles aussi par la Région où le permis D est pris en charge", conclut-il.
Une nécessité de continuité du service de transport public qui revêt aussi un aspect écologique car pour chaque conducteur manquant, c'est 59 parents qui doivent prendre leur voiture.