Il manquerait en Bretagne plus de 540 conducteurs de cars pour assurer les liaisons scolaires. Dans le même temps, 1168 demandes de création de desserte scolaire ont été refusées. Faut-il y voir un lien de cause à effet ?
Depuis plusieurs mois certaines dessertes scolaires tournent au ralenti en Bretagne et certaines demandes de création d'arrêt de car sont refusées. La faute à la pénurie de chauffeurs... mais aussi au Covid.
Parents en détresse
Depuis le mois de septembre, amener ses enfants à l'école est devenu un casse-tête pour Gwenn Queffurus, parent d'élèves de Pont-de-Buis-lès-Quimerch, dans le Finistère. La région, gestionnaire des transports scolaires, a refusé de créer une desserte à proximité de chez lui. "On comprend que ça ne passe pas niveau budgétaire, reconnaît ce membre du collectif Un transport scolaire pour tous. Ils ne veulent pas faire déplacer les tournées car ils estiment que venir chercher 4 enfants, on ne peut pas rallonger le temps de trajet des autres enfants. Ils ne proposent aucune solution".
Situés à 5km du bourg, plusieurs parents de la commune sont touchés par cette problématique. Ils demandent la restauration de plusieurs arrêts de car supprimés il y quelques années. "On demande des choses qui existent déjà sur certaines communes, c'est-à-dire un minibus 9 places qui pourrait ramasser les enfants, explique Lilian, autre membre du collectif, qui se sent laissé pour compte. On nous a répondu non".
60% des demandes refusées
Selon ce collectif de parents, sur les 2000 demandes de créations de dessertes scolaires demandées à la rentrée, près de 60% ont été refusées par la région.
Pour la fédération nationale de transports de voyageurs, cela s'explique en partie par des raisons de sécurité : "on ne peut pas mettre des points d'arrêts partout, ça pose des problèmes de sécurité et de rallongement des temps de services".
Retard de formation à cause du Covid
Le réseau BreizhGo, en Bretagne, transporte 100 000 élèves, qu'il passe chercher à 22 000 points d'arrêts. Mais les entreprises ont du mal à recruter, notamment à cause de la crise sanitaire. A cause du retard de formation, il manque près de 540 conducteurs de cars dans la région.
Pour Guy Le Pabic, responsable développement institutionnels et particuliers chez ECF Roudaut, "depuis le premier confinement, des formations qui étaient en cours ont dû s'arrêter, des formations donc décalées. Et le secteur est en tension avec la reprise".
Horaires, salaire... un métier peu attractif
Le métier de chauffeur de car souffre aujourd'hui d'un manque d'attractivité, notamment à cause des contraintes horaires et des salaires, avec 3 à 4 heures de travail par jour. Des discussions avec la région sont en cours pour revaloriser les conditions salariales.
La Bretagne en pénurie
"Nous avons la chance d'être une des régions de France où il y a le moins de demandeurs d'emplois, donc on a des chauffeurs qui, au regard de leurs conditions de travail et de leur rémunération, ont choisi d'exercer d'autres métiers, constate Mickaël Quernez, vice président à la région Bretagne en charge du climat et des mobilités. Nous souffrons donc d'un déficit de chauffeurs."
Appel à candidature : 170 postes vacants
Cette pénurie est devenue un enjeu majeur en vue de la prochaine rentrée, la région a donc lancé en urgence un appel à candidature afin de pourvoir 170 postes sur son réseau, mais la flambée des cas contacts liés au Covid a un peu plus désorganisé le bon fonctionnement des lignes scolaires.
Pour les 1168 demandes d'arrêts formulées en septembre dernier, refusées, la région invoque des problèmes de sécurité, d'allongement de temps de trajet et des contraintes budgétaires. Cependant, aucune autre solution n'a été proposée aux familles concernées.