Cela ne fait que 40 jours qu’ils ont passé la ligne de départ au large de Ouessant, que les voilà déjà de retour ! Francis Joyon et ses cinq membres d’équipage à bord d’Idec Sport s’apprêtent à boucler le tour du monde à la voile le plus rapide de l’histoire.
Après Thomas Coville en solitaire et Armel Le Cléac'h sur le Vendée Globe, la voile poursuit son show sur les mers, porté par un bon enchaînement météo à l'origine des performances depuis trois mois.
Jeudi, au petit matin entre 6h et 8h, Francis Joyon et ses cinq équipiers devraient franchir la ligne au large d'Ouessant pour s'emparer en un temps record du Trophée Jules Verne, tour du monde d'ouest en est sans assistance en équipage en moins de 80 jours.
Le record sera ainsi pulvérisé, avec près de cinq jours d’avance sur le temps établi en 2012 (45 jours, 13 heures, 42 minutes et 53 secondes) par Loïck Peyron à bord de Banque Populaire V (40 m), avec 12 équipiers. Joyon, lui, a préféré un maxi-trimaran nettement plus petit (31,5 m) et une équipe restreinte pour devenir le marin le plus rapide à tourner d'une traite autour de la planète.
Un bateau extraordinaire
"On a pas mal découvert le bateau pendant ce tour du monde et il a pas mal progressé. C'est un bateau extraordinaire, il est toujours à 100% de son potentiel", a expliqué Joyon mardi.Idec Sport est loin d'être un bateau récent mais il est performant. Mis à l'eau en 2006, il a connu des heures de gloire sous le nom de Groupama 3 avec Franck Cammas (record sur le Trophée Jules Verne en 2010 en 48 jours). Puis devenu Banque Populaire VII, il a ébloui la Route du Rhum en 2014, barré par Loïck Peyron, avant d'être confié à Joyon, en qualité de Idec Sport, deuxième du nom.
Joyon est un homme de records. En 2004, le navigateur, aujourd'hui âgé de 60 ans, était devenu le premier marin à faire le tour du monde sur un multicoques, sans escale (72 j 22 h 54 min 22). Avant lui, l'exploit se faisait avec escales.
"Je suis par nature assez prudent mais on est bien positionnés par rapport à la dépression et on a un bon enchaînement météo pour rejoindre la Bretagne", s'est félicité mardi Joyon, qui s'y sera pris à trois fois avant de battre le dernier record qui lui manquait. En 2015, il l'avait bouclé en 47 jours. Il y est retourné le 20 novembre 2016 avant de faire demi tour le 27 novembre pour repartir le 16 décembre. Il y a tout juste un mois, Joyon a été dépossédé du record du tour du monde en solitaire qu'il détenait depuis 8 ans par Thomas Coville (Sodebo Ultim), magistral en 49 jours 13 h 34 min, soit 8 jours de moins.
Un rythme d'enfer
Les rêves de Jules Verne sont de loin dépassés. Il faut dire que Idec Sport a tenu une cadence infernale, notamment dans le grand sud où le maxi-trimaran s’est offert des accélérations de plus de 40 nœuds (75 km/h) parcourant jusqu’à 879 milles en 24 heures. De la véritable Formule 1 des mers !L'épopée de Francis Joyon, Sébastien Audigane, Clément Surtel, Gwénolé Gahinet, Alex Pella et Bernard Stamm est une réussite, avec cinq records de temps de passage: au cap Leeuwin, en Tasmanie, à l'antiméridien, au cap Horn et à l'Equateur.
Une performance, qui sera saluée ce jeudi par de nombreux hommes de la mer : Loïck Peyron (en détenteur de record bientôt détrôné) Titouan Lamazou, François Gabart, Rolland Jourdain seront là pour saluer les nouveaux champions.