Fermée depuis 1990, l'ancienne prison de Pontaniou à Brest attend de savoir de quoi son avenir sera fait. Un appel à projets pour la réhabiliter a été lancé en 2023. Le nom du lauréat devrait être connu ce 19 avril 2024.
Déambuler dans l'ancienne prison de Pontaniou à Brest, c'est remonter le temps. Nous voici au début du XIXe siècle. La Révolution étant passée par là, les geôles de l'Ancien Régime sont progressivement remplacées par des maisons d'arrêt modernes. La prison maritime de Brest garde une symbolique forte.
Novatrice dans sa construction
À Pontaniou, l'air circule, évitant la propagation des épidémies. Une véritable innovation pour l'époque. Et elle n'était pas la seule. "C'était une nouveauté aussi de distinguer les détenus par quartier, selon la gravité de la peine, leur âge, leur statut social" explique Claire Tracou, chargée de projets culturels au service Musées et Patrimoine de la Ville de Brest.
Les murs gardent néanmoins "la mémoire des chagrins et des souffrances" des milliers de détenus passés dans ces cachots.
Refus d'un projet immobilier de luxe
Fermée en 1990, Pontaniou appartient, depuis 1997, à la métropole brestoise, laquelle souhaite la réhabiliter. Comment lui donner un avenir tout en laissant sa place au souvenir, celui des condamnés de la Marine, mais aussi des prisonniers politiques des Allemands, entre 1940 et 1944 ?
Il avait été question, en 2018, de vendre l’ancienne prison à un promoteur immobilier pour la transformer en appartements de luxe, provoquant un tollé à Brest. Un appel pour la conservation de Pontaniou avait été émis par des historiens locaux. La mairie a fini par abandonner cette piste.
3 candidats à départager
Un appel à projets a donc été lancé en février 2023. Sur les 6 candidatures, 3 sont toujours en lice. Ces projets sont portés par des opérateurs privés.
- La route des pingouins/ Delphes/ Foncière K : ce projet "collaboratif et inclusif" propose de travailler avec des artistes et acteurs locaux, autour de la mémoire locale et s’inscrit en complémentarité avec les Ateliers des Capucins.
- Open partners/Murmurs : ce projet mixe un nouveau lieu dédié au numérique et à la jeunesse, dans un bâtiment réinventé mais respectueux du cadre historique et visant une empreinte carbone neutre
- In situ/ cabinet Racine : ce projet propose une expérience sensible autour de la biodiversité, de la recherche et des technologies de pointe
La prison deviendra-t-elle un village digital consacré aux métiers du numérique ou un espace collaboratif mêlant des associations, des entrepreneurs et des artistes ou encore un lieu consacré la biodiversité et aux technologies de pointe ?
La Métropole doit maintenant faire son choix parmi ces candidats. "Le processus de sélection reposait sur un dispositif collégial, explique Alix L'Hénaff, chargée de mission sur ce dossier. Cela signifie qu'il y avait deux collèges consultatifs : l'un "architecture, patrimoine et mémoire", composé d'associations mémorielles et d'architectes des Bâtiments de France et l'autre "économie de la construction, finances et programmation" qui associait notamment des partenaires économiques qui ont examiné candidatures, détaille-t-elle. Le comité de sélection qui s'est réuni ensuite est composé d'élus de la Ville et de la Métropole. On a une forme d'exigence au regard de la singularité du lieu. On avait plusieurs critères à regarder : la programmation et sa pertinence et puis la solidité du montage financier et juridique qui est évidemment à prendre en compte".
Le nom du lauréat devrait être rendu public ce 19 avril 2024.
(Avec Catherine Aubaile)