Alors qu'ils intervenaient pour le vol d'une moto dans un quartier de Brest, des policiers ont été visés par des tirs de mortier, ce 8 avril 2024. Une nouvelle agression qui pointe l'escalade de la violence et met en relief le manque d'effectifs de la police.
"Brutale et inadmissible". C'est en ces termes que le préfet du Finistère condamne l'agression, dont ont été victimes des policiers de Brest, lors d'une intervention pour un vol de moto, dans le quartier de Bellevue, ce lundi 8 avril 2024 vers 23h30.
Un policier a été blessé à l'œil suite à des tirs de mortier, "lui occasionnant trois jours d'incapacité temporaire totale, indique Alain Espinasse. Je salue le courage des policiers qui a démontré, une nouvelle fois, leur total engagement et leur professionnalisme. Les auteurs de l'agression sont évidemment recherchés" précise-t-il encore.
"Ces violences sont inacceptables, réagit de son côté le maire de Brest. J'apporte mon soutien plein et entier à ce policier qui a malheureusement été blessé".
"Il est sonné"
Les policiers sont intervenus, suite à l'appel d'un homme expliquant s'être fait voler son deux-roues. Ce dernier avait rendez-vous dans le quartier brestois pour vendre sa moto, après avoir passé une petite annonce. Seulement voilà, une fois arrivé sur place, ce n'est pas face à un acheteur qu'il se retrouve, mais face à deux individus qui s'emparent du deux-roues.
La police patrouille suite au signalement du propriétaire de la moto et repère les deux hommes dans le hall d'entrée d'un immeuble de Kergoat, "connu pour différents trafics, souligne Jérôme Hamon, secrétaire du syndicat Unité-Police FO pour le Finistère. Les collègues ont senti une odeur de kérosène provenant de la cave et c'est là qu'ils ont découvert la moto".
C'est au moment de l'arrestation des deux suspects que des tirs de mortier visent les policiers. "Ils s'apprêtaient à quitter les lieux avec les deux interpellés quand les tirs ont débuté, explique Jérôme Hamon. Il y avait une dizaine d'individus présents. La BAC (brigade anticriminalité, NDLR) est venue en renfort pour les disperser à coups de grenades lacrymogènes". Un policier est blessé à l'œil. "Il est sonné, raconte le représentant d'Unité-FO Police. Je lui ai parlé. Il a trois jours d'arrêt pour l'instant".
"On se fait régulièrement tirer dessus"
Pour Jérôme Hamon, cette nouvelle agression des forces de police dans ce quartier de Brest "confirme l'escalade à Bellevue et plus précisément dans le secteur de Kergoat. On a beau intensifier les contrôles, les patrouilles, y mener des opérations place nette, procéder à des interpellations, le problème est toujours là, constate-t-il. Il y a des placements en détention, mais ils ressortent vite et ça recommence. On arrête souvent les mêmes. Ce serait bien que la justice suive".
Le secrétaire d'Unité-Police FO se souvient d'une intervention récente à Bellevue, en plein après-midi. "La brigade cynophile, qui avait repéré un trafic de stupéfiants, a pris une trentaine de tirs de mortier. C'est complètement fou" déplore-t-il. Et de lâcher : "on se fait régulièrement tirer dessus".
Une police en "sous-effectif"
Le manque d'effectifs est pointé "depuis des années" par le syndicat policier. "On nous promet des renforts et puis rien, observe Jérôme Hamon. L'unité d'intervention, qui assure le maintien de l'ordre et la sécurisation de la ville lors des manifestations ou des matchs de foot de Ligue 1, fonctionne en sous-effectif".
Il est urgent de donner des effectifs de police supplémentaires à la ville
François CuillandreMaire de Brest
Le maire de Brest affirme qu'il est "urgent de donner des effectifs de police supplémentaires à la ville". François Cuillandre rappelle l'engagement "pris en ce sens" par Gérald Darmanin, "il y a plusieurs mois. Il doit être suivi d'effet sans délai" insiste l'élu, lequel évoque également le courrier adressé au ministre de l'Intérieur en janvier 2022 "pour réclamer le renforcement des mesures permettant de lutter contre les achats de mortiers d’artifices et pour que l’État encadre la vente de ces produits y compris sur internet". "J'attends toujours sa réponse et je réitère cette exigence" ajoute François Cuillandre.
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De même souhaite-t-il que le travail mené par le groupe local de traitement de la délinquance (GLTD), et mis sur pause depuis l'opération place nette, "reprenne et s'intensifie sur tous les sujets concernant Bellevue. Il fait partie des démarches qui permettront de lutter durablement contre toutes les exactions alimentées notamment par les trafics de stupéfiants".