Pas de duel gauche-droite le 28 juin, à Brest. Mais une triangulaire avec le maintien de Marc Coatanéa au second tour. La liste de François Cuillandre, maire sortant PS, a fusionné avec les Verts. Bernadette Malgorn fait cavalier seul. Ils étaient invités à débattre sur France 3 Bretagne.
Un débat musclé entre les trois candidats en lice pour le second tour des municipales à Brest, où fusent les petites phrases et où personne ne fait de cadeau à son adversaire. Entre François Cuillandre, le maire socialiste sortant, et Marc Coatanéa, ex-patron du PS finistérien qui a rallié la République en marche il y a trois ans, les vieilles rancoeurs sont vivaces. Bernadette Malgorn, candidate de la droite, observe, un sourire en coin, ce duel qui en dit long sur sur l'inimitié entre les deux hommes.
La fusion PS-Verts sur la table
Arrivé en tête au premier tour avec 26,53 % des voix, François Cuillandre brigue un quatrième mandat. La question de la fusion au second tour avec la liste écologiste conduite par Ronan Pichon (15,73 %) est mise sur la table, dès les premières secondes de ce débat d'entre-deux tours.
Marc Coatanéa (LREM, 12,59 %) tire le premier et parle "d'attelage baroque". "On m'a toujours appris en politique que fusion égale confusion, dit-il. Et celui qui me l'a appris, c'est François Cuillandre. Faire croire aux Brestois que cet attelage sera utile à leur avenir est un peu hasardeux". Bernadette Malgorn (divers droite, 18,87 %) rappelle que "l'écologie, ce n'est pas une affaire de parti politique, mais de convictions".
Le principal intéressé, lui, avance que, depuis 1995, "les Verts et le PS font liste commune. Il était donc normal, après le premier tour, de tenter de faire cette fusion qui a réussi. On gère cette ville ensemble depuis de longues années et nous avons des valeurs communes".
Une fusion pas si naturelle que cela puisqu'elle a tout de même entraîné des discussions âpres et des tractations laborieuses entre François Cuillandre et Ronan Pichon. Avec un premier point d'achoppement : la construction du futur stade de football à Guipavas, dossier qui n'avait pas les faveurs des Verts. "Monsieur Pichon a du avaler son chapeau, j'imagine" lance Marc Coatanéa, aussitôt taclé par le maire sortant : "au sein d'une majorité, il peut y avoir des débats. C'est ça, la démocratie". Ce projet de stade met néanmoins les trois candidats d'accord : ils sont pour.
L'après-Covid et la relance économique
La gestion de la Ville, dans ce contexte d'après-Covid, risque d'être bouleversée. "Cette crise sanitaire va malheureusement se poursuivre avec une crise économique et sociale, explique François Cuillandre. Il appartiendra aux collectivités territoriales d'agir". "Cela va forcément changer la manière dont on abordera la gestion de la Ville" analyse Bernadette Malgorn qui tire les enseignements de cette crise, notamment sur la question de l'équilibre alimentaire des enfants. "Brest a distribué des bons d'alimentation pendant le confinement et nous avons voté pour, précise-t-elle. Ce qui nous a amenés à modifier notre programme en proposant la gratuité de la cantine scolaire pour tous".
Marc Coatanéa évoque, lui, "plus de démocratie et de transparence". Le candidat LREM embraye sur le soutien urgent qu'il faut apporter au commerce de proximité. Selon lui, "il faut expérimenter la première heure gratuite de stationnement jusqu'à la fin de l'année ainsi qu'une exonération de la côtisation foncière des entreprises qui permettra une diminution de charges pour les commerçants". Il avance aussi l'idée "d'un audit de la situation économique branche par branche".
François Cuillandre, de son côté, rappelle que la Ville a déjà pris des mesures concrètes pour aider les restaurants, bars et hôtels, "avec la mise à disposition de barnums pour permettre d'accueillir plus de clientèle, y compris en les installant sur des espaces d'ordinaire réservés au stationnement".
Bernadette Malgorn se dit en faveur d'un stationnement gratuit d'une heure trente chaque jour, "en plus de la première demi-heure gratuite"
Police municipale : deux contre un
Sur la création d'une police municipale à Brest - seule ville française de plus de 100.000 habitants à ne pas en être pourvue - chacun campe sur ses positions. La candidate divers droite maintient son souhait d'une police municipale armée, tout en martelant qu'une "politique globale de sécurité est nécessaire". Le tout assorti de caméras de surveillance.
Marc Coatanéa veut, lui, une police municipale "empathique", "sur le terrain pour faire de la pédagogie". Quant au maire sortant, il n'a pas changé d'opinion : "la sécurité, c'est d'abord l'affaire de la police nationale" ajoutant "qu'une police municipale ne règle rien".
Transports et écologie
Pas de changement de cap chez les trois candidats brestois : une deuxième ligne de tramway associée à des bus à haut de niveau de service pour François Cuillandre. Coût du projet : 180 millions d'euros.
Des bus à haut niveau de service pour Bernadette Malgorn entre la gare et le centre hospitalier de la Cavale Blanche.
Un trolley nouvelle génération pour Marc Coatanéa qui a revu sa copie du premier tour puisqu'il annonce désormais un tronçon sur 50 kilomètres réalisé sur 10 ans. Il prône également la gratuité des transports en commun pour "les jeunes jusqu'à moins de 25 ans. Cela coûterait un peu de trois millions d'euros, mais sans augmentation de la fiscalité locale pour compenser".
Inciter les Brestois à utiliser davantage les transports publics, plutôt que leur voiture : un point d'accord entre les candidats et ce, dans une volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un volet écologique qui, outre la mobilité en ville, implique, pour le candidat LREM, d'injecter "un tiers de la capacité d'investissement de la Ville et de la Métropole dans les transitions énergétiques, numériques et sociales". Et de souligner qu'il souhaite "placer Brest au coeur de la filière hydrogène".
Avec les Verts sur sa liste, François Cuillandre devra aussi composer sur cette question. Même s'il constate que, "avant cette alliance", il avait "ce dossier à coeur", même si un vaste plan de rénovation des bâtiments publics "qui étaient des passoires énergétiques" est en cours, le maire sortant a du donner quelques garanties à ses alliés en matière de transition écologique.
Bernadette Malgorn souhaite toujours que Brest devienne site pilote pour le pacte vert européen. Elle mise aussi sur ce triptyque : plan de mobilité, co-voiturage et télétravail, "facultatif, choisi et à temps partiel".
Ils ont aussi dit...
Etes-vous pour ou contre la réalisation d'un ascenseur urbain pour relier la gare au port de commerce ? François Cuillandre est pour avec un emplacement à proximité de la salle de spectacles de la Carène. Bernardette Malgorn estime que ce projet n'est "absolument pas prioritaire". Marc Coatanéa n'y est pas favorable non plus.