VIDÉO. Grâce au Conservatoire botanique de Brest, l’Île Maurice va retrouver une plante qui avait disparu de ses paysages

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Un plant de Cylindrocline Lorencei prêt à repartir vers l'Île Maurice
Le reportage de Sarra Ben Cherifa, Catherine Aubaile et Ludovic Tafforeau ©France 3 Bretagne

C’est une jolie plante de la famille des astéracées qui ne vivait que sur l’Île Maurice. Les botanistes la nomment Cylindrocline Lorencei. Le dernier spécimen a été observé dans la nature en 1973. L’espèce a même été considérée comme éteinte à l’état sauvage dans les années 1990. Mais à 9.795 kilomètres de son berceau, le Conservatoire botanique de Brest en avait conservé des graines.

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À sa création, en 1975, le Conservatoire botanique de Brest avait choisi de s’appeler l’Arche aux plantes. Un nom qui résumait tous les rêves et toutes les ambitions du lieu : sauver la flore menacée. 

Et justement, Cylindrocline Lorencei ne se portait pas bien. L’arbuste endémique de l’Île Maurice (on ne le trouve à l’état naturel que sur l’île) s'est petit à petit éteint sous la pression des plantes invasives. Son milieu a été totalement transformé. La plante a complètement disparu dans les années 90. 

Par chance, en 1977, Jean-Yves Lesouef, fondateur et ancien directeur du Conservatoire, avait rapporté quelques graines à Brest. Dans sa banque de graines, le conservatoire conserve les semences de quelque 1.200 espèces. À l’annonce de l’extinction de Cylindrocline, les botanistes ont essayé de lui redonner vie. 

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La renaissance d'une plante éteinte 

La plante a d’abord été cultivée dans des tubes à essai, chouchoutée, bichonnée, au degré et à l’humidité près pour reproduire ses conditions de vie sur l’Île Maurice, pas tout à fait le même climat que dans le Finistère. 

Ensuite, les plants sont mis en terre et quittent le cocon de la lumière violette. "C’est une étape délicate, explique Catherine Gautier, responsable de la conservation ex-situ au Conservatoire botanique. Ils étaient dans un milieu stérile avec un degré d’hygrométrie très fixe et là on va les acclimater. On va donc les mettre dans des conditions qui vont varier un peu plus, même si on passe par cette chambre de culture pour maintenir une température fixe et une lumière qu’elles avaient dans les cultures in vitro, avant d’être mises dans les conditions naturelles de la serre. Il faut laisser le temps à la plante de s’adapter. "

Dans les serres, les plantes subiront des variations de température, d’ensoleillement, d’arrosage. "L’idée c’est qu’elles puissent se débrouiller toutes seules. Jusqu’ici on leur a tout apporté comme à un bébé à qui on donne le biberon et puis au bout d’un moment, il faut qu’il mange tout seul. La plante, c’est pareil, il faut qu’elle se débrouille par elle-même qu’elle grandisse, qu’elle pousse et qu’elle se multiplie ensuite."

Les petits plants sont devenus grands et certains vont repartir vers l’Île Maurice pour y être réintroduits. 

Racines mauriciennes

"C’est l’aboutissement d’un programme de 30 ans, se réjouit Stéphane Buord, directeur scientifique au Conservatoire botanique de Brest. Cette plante a été récupérée in extremis dans la nature, avec quelques graines ici et puis tout un programme de sauvetage, de conservation, de multiplication et aujourd’hui de réintroduction dans la nature. Une boucle est bouclée."

Une trentaine de plants ont déjà été envoyés il y a 3 ans et ils semblent plutôt bien retrouver leurs racines mauriciennes. 

"C’est vraiment quelque chose qui nous tient à cœur, décrit Frédérique Bonnard, présidente du Conservatoire botanique, c’est la solidarité que nous sommes capables de déployer ici qui va sauver leur monde là-bas et paradoxalement, c’est le fait que l’on va pouvoir restaurer la flore là-bas qui va sauver notre monde ici dans le changement climatique."

(Avec Sarra Ben Cherifa)

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