À l'occasion de sa cinquième conférence sur la pauvreté, la préfecture de la région Bretagne réunissait à Brest les principaux acteurs qui luttent contre la misère. Crise, inflation, augmentation de la précarité et des bénéficiaires, difficultés croissantes des associations à répondre aux besoins... L'inquiétude est grande pour les bénévoles et professionnels. Le représentant de l'exécutif a tenté d'y répondre en présentant le pacte des solidarités de la première ministre.
Assise sur une chaise pliante, une grille de mots croisés à la main, une retraitée est aux premières loges dans la longue file d’attente d'un local des restos du cœur de Brest. La distribution commence dans deux heures mais les demandeurs sont déjà là. "Je suis venue pour la première fois l'année dernière, nous explique-t-elle. Je n'avais plus assez pour aller au supermarché et il fallait choisir entre se chauffer ou vendre la maison..."
Comme cette retraitée, 2 600 foyers bénéficient de l’aide alimentaire dans ce centre des Restos cette année. "On en a beaucoup et on a eu beaucoup d’augmentations, s'alarme Françoise Guénan, responsable de la section brestoise des Restos du cœur. On a eu beaucoup d'inscriptions d'étudiants. Environ 500. Auxquels s'ajoutent tous les réfugiés. Cela fait 19 à 20 % d’augmentation. C’est énorme."
Seuls les foyers les plus en difficulté pourront bénéficier d’une aide alimentaire régulière cette année. La misère gagne du terrain en Bretagne, même si la région reste la deuxième moins pauvre de France : 11,2 % des foyers y vivaient sous le seuil de pauvreté en 2020, selon une enquête de l’Insee.
Deux grands axes de lutte
La Préfecture de région organisait ce mardi sa 5e conférence sur la pauvreté. Au programme, des tables rondes sur la précarité énergétique, la paupérisation des séniors et des jeunes mais aussi le retour à l’emploi. L’occasion aussi de présenter les grands axes du pacte de solidarités de la Première ministre.
"On a deux grands axes, explique Laurent Alaton, le commissaire à la lutte contre la pauvreté en région Bretagne. Un premier sur la prévention de la pauvreté chez l’enfant. Mais aussi sur l’emploi également avec un nouvel axe sur la transition écologique et solidaire. Il faut que les personnes les plus en difficultés ne soient pas punies par des normes plus contraignantes en matière de logement ou de déplacement."
Cantine à 1 euro et passe colo
À titre d'exemples, le commissaire détaille des actions autour de l’alimentation dans les écoles. Avec notamment un "programme Cantine à 1 euro en zone rurale pour les foyers de personnes aux revenus les plus faibles. Mais également le passe colo pour aider les enfants de 11 ans à partir en vacances."
Des programmes d'accompagnement sont également mis en place pour lutter contre la précarité énergétique ou encore sur l'alimentation affirme Laurent Atalon. Avec un souci "quantitatif comme qualitatif". Sur les difficultés des associations face à l'explosion de la misère, il rappelle que "10 millions d’euros ont été débloqués par le gouvernement pour les associations qui font part de difficultés pour répondre à la demande. Et nous avons aussi ouvert il y a quelques mois, une enveloppe pour lutter contre la précarité étudiante."
Crispation autour du RSA
Les associations ne sont pas totalement convaincues par l’efficacité des mesures. Toutes craignent les effets de la nouvelle loi France Travail et du versement du RSA sous condition. "On a l'impression que l'idée générale est : si la personne ne travaille pas, c'est qu'elle ne le veut pas, se désole Patrick La Prairie d'ATD Quart-Monde. Mais on ne regarde pas assez ce qui les empêche de travailler.".