Le Morvac'h, bateau emblématique de Camaret, a bien failli disparaître en octobre dernier. Son capitaine et sa famille ont lancé un appel aux dons pour le remettre à flot.
Une pièce du patrimoine maritime camarétois
Le 2 octobre dernier, la tempête Alex a bien failli faire disparaître à tout jamais le Morvarc'h. Avec lui, c'est un bout du patrimoine maritime camaretois qui aurait pu être englouti par la mer. Par chance, le Morvarc'h a survécu, mais il est encore bien mal en point.
Antoine Chopard, maître de port à Camaret, a participé à la tentative de sauvetage. Il se souvient :"il est venu contre la digue. Ensuite il a fini contre les cailloux bien éventré. Quand on a vu le trou énorme, on s'est dit qu'il y avait beaucoup de réparations envisageables".
Ce ketch en bois a été construit, en 1971, par Jean Grouhel dans le célèbre chantier d'Auguste Tertu. Il est l'un de ces bateaux pionniers du renouveau de la voile traditionnelle de Camaret.
Depuis, son capitaine et propriétaire n'a jamais lâché la barre et pas question aujourd'hui de mettre un terme brutal à cette complicité de 50 ans. Jean Grouhel a navigué seul, en famille ou avec des amis, vers des contrées lointaines, jusqu'aux Antilles notamment pendant près d'un an, avec une belle traversée de l'Atlantique.
Morvarc'h a vu défiler beaucoup de monde à son bord. "C'est un bateau qu'on partage, il est fédérateur et fait rêver", d'après Loïc Bizeray, un des habitants de la presqu'île de Crozon. Les camarétois, eux non plus, ne veulent pas tourner cette page d'histoire. Il est ancré dans le paysage et figure même sur les cartes postales !
"Tout le monde me disait qu'il faut qu'il reprenne la mer. Il se dégage des choses de ce bateau, c'est dans l'âme, dans le ressenti, dans la vie"
Un modèle de savoir-faire unique
La structure de ce ketch, à la construction soignée, ne s'est pas déformée. Le bateau a été conçu pour traverser les océans. Mais, le chantier s'annonce d'ampleur, car les dégâts sont importants.
Pour Jérémy le Floch, jeune charpentier de marine, ce sera une occasion rêvée de se former à un savoir-faire unique devenu rare : "je serais ému de participer à ce chantier, d'apprendre auprès d'anciens et de transmettre ensuite ce que j'ai appris. Il faudra compter 7 mois de travail à deux. Il mérite d'être restauré".
Gwénola, une des filles du capitaine, est, elle aussi, déterminée à continuer de faire vivre l'oeuvre de son père:
"j'ai toujours grandi avec ce bateau. On vibre avec et encore aujourd'hui quand il a besoin d'un coup de main pour être pérennisé. Pour moi, c'est impossible que ca s'arrête là ! "
Un appel aux dons pour aider à la restauration de Morvarc'h
Un vaste élan de solidarité s'est organisé. La famille a reçu de nombreux témoignages de soutien de personnes connaissant Morvarc'h depuis longtemps.
Les travaux de restauration sont estimés à 130 000 euros. Une cagnotte a été lancée par l'association "les amis de Morvarc'h". L'association recherche aussi des subventions et des mécènes auprès des entreprises.
Espérons que cet emblématique bateau pourra à nouveau participer aux fêtes maritimes dans les années à venir, à commencer par les Voiles de Camaret.
Le reportage de Florence Malésieux, Valérian Morzadec, Julien Abgrall et Sylvie Secret :
Intervenants:
Antoine Chopard, maître de port
Jean Grouhel, capitaine du Morvarc'h
Jérémy Le Floch, charpentier de marine
Gwénola Grouhel, fille du capitaine