Covid-19. Comment certains Ehpad ont réussi à ne pas avoir de cas positif

Pour éviter les contaminations au coronavirus, le personnel des Ehpad va être soumis à des tests antigéniques. Même si jusqu'à présent des établissements ont payé un lourd tribu avec de nombreux morts, certains Ehpad ont réussi à n'avoir aucun cas positif. Deux directrices témoignent.

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Laurie Kergoulay est à la tête de la Résidence du Pays Darloup (82 résidents et 64 employés) à Plonevez-du-Faou. Pour elle, "on peut dire avant tout que l'on a eu de la chance, en grande partie car aucun salarié n'a contracté la maladie." "Ah, si, se reprend elle, seul, un salarié l'a eu, mais c'était cet été pendant ses congés". Une "chance" qui est aussi tout de suite évoquée par Vanessa Klaus, la directrice de la maison de retraite Les Genêts de Bannalec, "un petit Ehpad de 65 résidents seulement, d'une moyenne d'âge de 89 ans et de 50 salariés et qui plus est, se trouve dans un des départements les moins touchés de France" précise-t-elle.

Pour cette directrice à la tête de l'établissement depuis 11 ans, "on a eu plus de chance que d'autres mais il est vrai que l'on a suivi scrupuleusement toutes les consignes données par l'ARS (Agence régionale de santé)". Et de souligner que même si aucun de ses salariés n'a été positif, "tout le monde a peur de ramener le virus à l'intérieur". Une crainte dont fait également état Laurie Kergoulay, "on vit tous avec le stress de ne pas vouloir être le premier à faire rentrer le virus dans l'établissement."
 

 

De la chance mais surtout beaucoup de mesures


A la Résidence du Pays Darloup à Plonevez-du-Faou, dès les prémices de l'épidémie et "même si au début on n'a pas eu d'informations très précises sur les mesures à prendre et le confinement potentiel des établissements" explique Laurie Kergoulay, "on a joué la carte de l'anticipation". Un "comité Covid" a été mis en place tous les mercredis, regroupant les principales composantes de la maison de retraite, pour "faire le point et voir toutes les mesures à prendre". "Un contact avec les familles des personnes âgées ou du moins avec le président du conseil de vie social, un des fils de résident, était très régulier, quasi-quotidien", ajoute la directrice en poste depuis septembre 2019. "Nous avons joué la transparence, on a communiqué par le biais de notre page Facebook et créé un dialogue avec certaines famille avec lesquelles il y avait des tensions car elles trouvaient les mesures trop rigoureuses".

Dans l'établissement, un poste d'agent a été rajouté pour effectuer la désinfection des locaux après chaque activité ou repas. Une animatrice supplémentaire a été planifiée également pour assurer les animations.
 

A la résidence du Pays Dardoup, l'obligation pour les personnes âgées de rester cloîtrées dans leur chambre "n'a duré qu'un mois de mi-mars à mi-avril lorsque c'était obligatoire". "Une de nos priorités a été de veiller à ce que nos résident ne souffrent pas de l'isolement en chambre" précise Laurie Kergoulay.

Un isolement cependant nécessaire et "systématique du résident dès qu'il y avait la moindre suspicion de cas positif" explique Vanessa Klaus. Dans son établissement de Bannalec, de nombreuses mesures sanitaires ont également été prises comme la désinfection obligatoire de l'espace dédié aux visites des familles. "On a limité au maximum le brassage des occupants et on a réalisé les animations avec de plus petits groupes".

Vanessa Klaus estime qu'elle a bénéficié du "peu de turn-over de son personnel" n'ayant eu que très peu d'arrêts de travail, ce qui pour elle "limite le risque de contamination par le personnel".
 
 

Du personnel épuisé physiquement et moralement


Conscientes des efforts de tous les instants nécessaires pour maintenir leurs établissements et leurs résidents à l'écart de l'épidémie, Laurie Kergoulay et Vanessa Klaus tiennent à saluer le travail et l'implication de leurs personnels dans cette épreuve "compliquée", très "anxiogène", des agents "qui sont au front au quotidien, épuisés physiquement et moralement". 

"On ne voit pas la lumière au bout du tunnel" précise Vanessa Klaus. "Ce qui est certain, ajoute-t-elle, c'est que cela laissera des traces sur les soignants. Les métiers changent avec cette épidémie".
 
De nouvelles dispositions sanitaires dans les Ehpad
Jeudi 19 novembre, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l'Autonomie, a annoncé la mise en place de nouvelles dispositions sanitaires dans les Ehpad (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). "Nous recommandons désormais d'organiser des dépistages du personnel des Ehpad de façon hebdomadaire à partir de la semaine prochaine", a-t-elle déclaré.
Cette pratique doit être généralisée dans les 7 200 Ehpad de France, même si les tests antigéniques qui s'adressent aux 400 000 salariés du secteur n'auront aucun caractère obligatoire. Des mesures sanitaires accrues dans ces établissement hébergeant la population la plus à risque face à la Covid-19. La ministre fait état de "près de 1 600 Ehpad touchés par plusieurs cas de Covid-19", soit "plus d'un Ehpad sur cinq"
Selon Bertrand Coignec, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (FNADEPA), plus de la moitié des Ehpad bretons (295 sur 500 environ) ont eu au moins un cas de Covid, depuis le mois de mars. 
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